Deux intrus dans la nuit› août 2007, french quarter, new orleansMalgré l'obscurité, la température restait agréable, un doux mélange du frais nocturne et de la tiédeur de l'été. Cela explique pourquoi Abha ne porte qu'un pull noir, un pantalon de survêtement de la même couleur et des baskets identiquement sombres. Accroupi derrière un massif de buissons feuillus, il observe la grande bâtisse de trois étages, d'où aucune lumière ne filtre.
Tout le monde dort, pense le jeune homme. Délaissant un instant l'édifice, il étudie du regard le mur de presque trois mètres de haut, deux et demi pour être exact, qui entoure le domaine. Avec un ou deux coéquipiers, franchir cet obstacle se serait révélé un véritable jeu d'enfant.
Sauf que je suis seul, cette fois-ci. En tant qu'ancien SEAL, Abha savait se mouvoir en équipe à l'instinct, à force d'entraînement et d'expérience, sachant compter sur son coéquipier, lui confiant sa vie même à chaque pas. Secouant la tête pour dissiper ces pensées du passé, le désormais indépendant étudiant le mur : ce dernier entourait tout le domaine, il en avait fait le tour quelques minutes plus tôt. Et seule la grille lui permettait de grimper avec aisance. Mais en situation réelle il ne choisirait pas l'imposante double-portail en fer forgé, qui se révélerait trop surveillé.
Sauf que là ... Décision prise, il se déplaça de zone d'ombre en zone d'ombre, s'arrêtant non loin de son point d'entrée. Lorsqu'il s'assura que personne ne se trouvait dans les environs, après tout qui se promènerait dans le chic quartier français à trois heures du matin un mardi soir, Abha grimpa avec l'agilité d'un singe, se réceptionnant en plissant les genoux. Un sourire aux lèvres, il glissa silencieusement jusqu'aux rosiers bien entretenus, mais qui lui prodiguaient une jolie cachette, le temps d'organiser la suite.
Jusque là, facile. Il faudra protéger le portail, l'éclairer plus peut-être, en tout cas installer une caméra. Car si l'ancien de la marine se trouvait à infiltrer cette demeure, propriété d'un riche homme d'affaires, il ne s'agissait nullement d'une tentative de vol, comme l'attestait le mandant soigneusement plié dans sa poche arrière : Monsieur Jonathan Perrier autorisait Abha Khan à entrer par effraction chez lui et à dérober un quelconque objet de valeur comme preuve de sa réussite. Suite à cela, et à la restitution du butin en question, Abha devait proposer à son mandataire un rapport sur la sécurité de sa demeure, ainsi qu'une série de mesures à entreprendre pour en garantir l'inviolabilité, tout comme un devis. Et pour commencer, le jeune homme était entré dans l'enceinte sans réelle difficulté.
Guettant entre les rosiers épineux, dont le parfum délicat lui chatouillait les narines, Abha observa le gazon parfaitement entretenu, seulement entrecoupé de parterres de buissons taillés, ou de fleurs parfaitement ordonnées.
Un garde patrouillant serait parfait, ou encore un bon gros chien. Cela résoudrait déjà pas mal de tentatives d'intrusions. Son mandataire pourrait encore installer des détecteurs de mouvements, mais au vu de la végétation environnante, le moindre rongeur ou oiseau nocturne déclencherait l'alarme.
Aucune caméra en vue, c'est trop facile de m'approcher des murs. Car il avait beau balayer la façade des yeux, Abha ne repérait aucun petit boitier à lentille, aucun témoin lumineux rouge, rien de rien. Respirant un grand coup, il imagina son trajet, presque en ligne droite jusqu'à un pan de mur, entre deux colonnes. Il lui fallait à présenter choisir une fenêtre par laquelle pénétrer, et à voir l'allure du bâtiment, le crochetage ne devrait pas se révéler trop compliqué. Encore le jeune homme devait-il observer l'intérieur, s'assurer qu'aucune alarme ou système anti-intrusion ne ruinerait ses efforts. C'est alors qu'un son bien caractéristique arriva aux oreilles attentives d'Abha : quelqu'un approchait, il n'en avait aucun doute. Immédiatement le jeune homme se plaqua contre le mur, espérant que l'ombre et ses vêtements sombres le camoufleraient aux yeux de la personne qui allait débarquer d'une seconde à l'autre. Aucun rayon lumineux n'indiquait une lampe-torche, donc il ne s'agissait pas d'un garde effectuant sa patrouille. Un réel intrus ? Quoiqu'il en soit Abha se préparait à effectuer un quelconque coup au corps à corps, qui mettrait le nouvel arrivant hors d'état de nuit pendant quelques. Car dans ces moments, l’entraînement et l'expérience du SEAL refaisaient surface, prenant possession de son corps ... encore lui fallait-il analyser la situation et voir de qui il s'agissait ...