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 Nightmares are never fair [ft. Joan]

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Lazar O'Callaghan
Lazar O'Callaghan
kill of the night


○ messages : 196

MessageSujet: Nightmares are never fair [ft. Joan]   Nightmares are never fair [ft. Joan] EmptyMer 14 Oct - 1:04


NIGHTMARES ARE NEVER FAIR
LAZAR & JOAN


La pluie ne tombait pas encore sur la ville, mais au vu des lourds nuages noirs amoncelés au-dessus des toits de la Nouvelle Orléans, ça ne tarderait sans doute pas. Déjà, on voyait les passants presser le pas, se hâtant vers chez eux ou filant vers les magasins pour s’abriter en prévention de l’averse qui arriverait sous peu. Les plus prévoyants préparaient déjà leur parapluie, prêts à le dégainer aux premières gouttes. On était en milieu d’après-midi et pourtant il faisait presque aussi sombre qu’en soirée. La ville n’était pas aussi colorée que lorsque le soleil la frappait de ses rayons, et dans ce climat de tension qui régnait dans les rues passantes et les petits coupe-gorges, les grands murs grisâtres des maisons donnait à la grande cité un air encore plus inquiétant que d’ordinaire.
L’atmosphère étrange de cette journée ne semblait pas déranger Lazar plus que cela. L’homme tout de noir vêtu filait le long des grandes artères, indifférent à la foule et à la pluie imminente. Le col de son manteau remonté dans son cou, il faisait son chemin sans se soucier du reste. Il avait passé une partie de la matinée à aller collecter des dettes, et il avait décidé de s’octroyer une pause cette après-midi. Après tout, ses hommes surveillaient étroitement ceux et celles qui lui devaient de l’argent. Ils ne s’enfuiraient pas dans la nuit et il aurait tout le temps d’aller les voir le lendemain. Depuis Katrina et depuis l’arrivée du Tueur, ses affaires avaient rarement aussi bien marché. A croire que le désespoir et l’adversité effaçaient toute trace de raison et de bon sens chez les gens. Tant mieux pour lui : il continuait à les arnaquer sans que qui que ce soit n’essaye vraiment de lui résister. Le temps qu’ils réalisent ce dans quoi ils s’étaient embarqués, il était déjà trop tard : ils étaient à sa merci, sans moyen d’aller voir qui que ce soit pour appeler à l’aide – entre les menaces et les flics corrompus, il y avait toujours un moyen d’empêcher les langues de se délier.
Réfléchissant à ses affaires, O’Callaghan glissa les mains à l’intérieur des poches de son manteau, en ressortant une pour regarder l’écran de son téléphone et vérifier qu’il n’avait ni message ni appel en absence. Il attendait un coup de fil important de la part de son service de « recrutement », ceux qui étaient chargés de trouver les nouvelles recrues prometteuses qu’il irait lui-même rencontrer après coup. Hors de question de laisser qui que ce soit rejoindre son business sans être sûr qu’il ne risquerait pas de subir le même sort que le petit mafieux qui l’avait recueilli : pieds et poings liés, un parpaing accroché à la jambe pour l’empêcher de remonter à la surface du fleuve où il avait fini jeté. Ca n’avait pas été un meurtre très spectaculaire ni original, mais ce qui avait compté, c’était son efficacité ; une fois l’homme mort, Lazar était passé du statut de novice à celui de personnage qu’on ne flouait pas impunément. Il avait montré qu’il ne reculerait devant rien ni personne pour obtenir ce qu’il voulait, et ce qu’il désirait il l’obtenait d’une manière ou d’une autre. En l’occurrence, ce qu’il cherchait depuis quelques temps, c’était un hacker qui sache se faire suffisamment discret pour ne pas finir mort ou derrière les barreaux. Il avait une poisse folle avec eux : soit ils se faisaient tuer, soit ils se faisaient pincer, et il se retrouvait encore une fois à devoir effacer des traces et se mettre en quête d’un nouveau technicien qui, systématiquement, le décevait d’une manière ou d’une autre.
Il en était là de ses pensées, à ruminer un échec qu’il n’appréciait absolument pas, lorsqu’une silhouette familière attira son attention derrière la vitrine du Café du Monde. S’arrêtant net dans sa marche et plissant les yeux, pas certain d’avoir bien vu, il s’approcha de la vitre et se pencha un peu pour mieux observer la foule à l’intérieur. La longue chevelure blonde, la paire de lunette, l’air concentré et les nombreux bijoux de la jeune femme ne laissèrent plus aucune place au doute.
Un fin sourire de prédateur étira ses lèvres fines tandis qu’une joie étrange faisait son apparition dans son esprit. Joan avait été une excellente hackeuse, en plus de tous les avantages physiques dont il avait pu profiter grâce à sa naïveté presque attendrissante. Bizarrement, la demoiselle avait fini par le fuir après avoir réellement compris qui il était, allez savoir pourquoi. Elle avait déménagé, changé de téléphone, tenté d’effacer toute trace de son existence à la Nouvelle-Orléans, tout ça pour qu’au final, il la retrouve dans un café, au vu et au su de tous. Comme quoi, le destin faisait parfois bien les choses.
Revenant sur ses pas, Lazar s’engouffra dans le Café du Monde au moment où l’orage éclatait et où la pluie se mettait à tomber à verse. Au moins, si la jeune Hoffman décidait de fuir, il n’aurait pas trop de mal à la suivre dans les rues qui s’étaient vidées à une vitesse folle dès que l’eau avait commencé à tomber du ciel. L’homme en noir fit patiemment la queue et commanda un café serré, attendit qu’on le serve et louvoya parmi les clients du restaurant. Ses yeux verts étaient fixés sur la personne qui l’intéressait et qui ne l’avait pas vu arriver. Il s’assit calmement sur la banquette où elle s’était installée, et tout aussi calmement lui adressa la parole.

- Bonjour Joan.

Il avait l’air aussi charmant que lorsqu’elle l’avait rencontré la première fois, aussi aimable et aussi agréable à écouter. Mais il savait pertinemment qu’elle ne croyait absolument plus à cette façade qu’il s’était construite, ce qui ne faisait que l’amuser un peu plus : dans cette pièce bondée, au milieu de tous ces inconnus, si elle se mettait à faire un scandale, personne ne la croirait jamais. Il n’avait pas la tête du truand qu’il était réellement, il savait très bien jouer la comédie, et puis on croyait plus volontiers un honnête homme qu’une blondinette énervée. Et si jamais l’envie lui prenait de se lever et d’essayer de fuir, il aurait tôt fait de la rattraper avant qu’elle n’atteigne la sortie, aussi souple et rapide soit-elle.
Il garda son regard planté dans le sien, son expression changeant juste un peu pour se faire plus cynique, plus moqueuse. Ce n’était pas grand-chose, un sourire un peu différent, les sourcils un peu moins haussés, mais ces petits détails rendaient ses yeux moins malicieux, son regard moins sympathique. Il ressemblait déjà plus à ce que Joan connaissait de lui.

- Ca faisait longtemps, dis donc. J’ai presque cru que tu ne voulais plus me voir.

Il but tranquillement une gorgée de son café chaud, laissant le liquide amer glisser dans sa gorge, ne lâchant pas la jeune femme des yeux.
Il ne voulait pas risquer qu’elle s’évapore encore une fois après l’avoir fait attendre aussi longtemps.


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Joan Hoffman
Joan Hoffman
admin ○ nightcall


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MessageSujet: Re: Nightmares are never fair [ft. Joan]   Nightmares are never fair [ft. Joan] EmptyDim 18 Oct - 16:43


– evil eye –


Elle est concentrée, la blondinette. Si concentrée qu’elle n’entend même pas la pluie qui s’est mise à tomber ; si concentrée qu’elle n’a même pas remarqué le tic extrêmement bruyant agaçant de l’homme assis derrière elle. Elle est focalisée sur les articles de faits divers qu’elle parcourt des yeux. Les fantômes et les étrangetés, les choses que les gens décrivent comme idiotes et sans véritable sens. Toutes ces petites phrases mises bout à bout en pages entières, que la plupart récupèrent pour renflouer leurs cartons de déménagement, ou faire brûler à l’hiver. Dans l’esprit des autres, les histoires d’esprits et d’extraterrestres, c’est stupide et enfantin. Ça leur fait lever les yeux au ciel, à tous ces adultes responsables — comme ils se décrivent. Ce sont des lubies d’enfants, et elle le lit dans tous les coups d’œil désolés qu’on lui jette, mais qu’elle a toujours ignorés. Elle, elle y croit. Et s'il y a des gens qui ont le droit de ne pas y croire, pourquoi ne pourrait-il pas y avoir ceux qui y croient, et qui sont respectés comme ça ?

Ses yeux s’agrippent au petit récit d’une vieille dame, persuadée d’avoir son appartement hanté. Elle a trouvé le magazine introuvable dans une petite librairie sur le point de fermer ses portes. Un vieux dépotoir, riche de tout un tas de feuillets que personne ne connaissait. Celui-là datait de cinq ans déjà, et c’était un miracle que quelqu’un ait pensé à conserver un truc comme ça. Elle a acheté tout le carton sans réfléchir, et adieu le projet de prendre une gaufre et un café sur le chemin du retour, adieu l’idée de sortir avec Trisha demain soir. Elle l’inviterait à l’appartement et elle lui ferait des pâtes, elles regarderaient un film et elles trouveraient autre chose à faire ; ce n’était pas la petite Moriarty que ça dérangerait. Mais ce carton plein d’histoires à croquer, il le lui fallait. Elle l’avait eu et elle l’avait ramené chez elle, se retenant à grand-peine de trouver un moyen de le porter et de lire en même temps, sur le chemin du retour — évitant par là-même nombre de bousculades avec les passants. Elle s’était emparée de l’un des précieux numéros une fois arrivée chez elle, et elle était repartie aussi sec. Demi-tour alors qu’elle arrivait dans la rue adjacente, et qu’elle se rendait compte qu’elle avait oublié le seul objet pour lequel elle ressortait véritablement ; une clé USB atterrit au fond de sa poche quelques minutes plus tard et elle avait repris son chemin, le nez plongé dans les premiers témoignages présentés.

Et une heure plus tard, elle ne s’est toujours pas rendu compte que son contact aurait dû être là depuis longtemps. Une heure plus tard, elle termine le récit de Greta, et elle se demande si l’exorcisme de son salon a marché, si le fantôme est finalement parti. Elle se demande si la vieille femme a déménagé, sans penser un instant qu’au vu des 95 ans déclarés au moment du récit ce puisse être entre quatre planches. Elle rêverait de l’interroger, rêverait de la voir et de lui faire parler de son expérience. Elle rêverait d’un fantôme chez elle, à son tour ; de pouvoir essayer de le comprendre et d’entrer en contact avec lui. Elle ne peut bien en parler avec personne, de toutes ces fantaisies. Wayne en a toujours levé les yeux au ciel, tout comme Alana, Sarah et Ethan. Et comme à peu près tous ses amis. Elle a appris à garder ça pour elle, à se mordre les lèvres quand elle y pense et qu’elle veut absolument en parler, et elle se venge en feuilletant des témoignages de gens qui eux la comprennent, un gobelet de café proche de sa main.

La voix à côté d’elle la fait tressaillir une première fois, alors qu’elle venait de tourner la page et de commencer le paragraphe suivant. Elle relève les yeux et le sursaut se fait double. Sa main heurte le gobelet cartonné — finalement un peu trop près — et quelques gouttes s’écrasent sur sa page alors qu’elle empêche in extremis le récipient heureusement fermé d’entièrement se renverser. Son prénom dans cette bouche venait de lui flanquer une chair de poule franche, et elle sentit tous ses membres sur le point de se mettre à trembler. « L–Lazar ? » Impolie. Elle ne dit même pas bonjour, trop effrayée et trop choquée à l’idée de le voir assis là, sur la même banquette qu’elle. Elle se tassa à l’autre bout, contre le mur où elle se retrouvait, bien involontairement, acculée contre son gré. « Bonjour… Bonjour. » Le premier tremblait, mais le deuxième se voulait plus assuré. Le magazine s’était brutalement refermé, et elle avait laissé sa main à plat dessus, cachant au mieux la couverture, le faisant glisser vers elle, vers la banquette, vers son sac coincé entre ses pieds. Les doigts de son autre main se faufilèrent un instant dans ses cheveux, qu’elle ramena derrière son oreille. Si petit geste témoignant d’une gêne immense, alors que ses yeux balayaient un instant le reste du café, espérant vainement trouver quelqu’un qui viendrait la sortir de là.

Mais lorsque Lazar reprit la parole, son ton légèrement moins amical, son regard bien plus froid, elle se retrouva à nouveau prise au piège. Incapable d’éloigner ses prunelles des siennes. Une lueur agressive et farouche se mit à danser sur ses iris, alors qu'elle serrait légèrement les dents. « C’est le cas. Je ne veux pas te voir. Je ne sais même pas pourquoi tu t’es assis là. J’attends quelqu’un. Laisse-moi. » Ça tremblait. Les cordes vocales flageolantes, même si elle disait la vérité. Elle déglutit doucement, attrapant son gobelet de café, serrant sa main autour, le rapprochant un peu d'elle. « Y a plein de tables libres. Et même des tables avec des banquettes. Va boire ton café ailleurs. S’il te plait. » Laisse-moi. S’il te plait, Lazar. Je ne te dois rien, tu ne me dois rien. On est quittes. Alors laisse-moi.

Laisse-moi.

Sinon quoi ?


(c) elephant song.
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Lazar O'Callaghan
Lazar O'Callaghan
kill of the night


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MessageSujet: Re: Nightmares are never fair [ft. Joan]   Nightmares are never fair [ft. Joan] EmptyDim 1 Nov - 16:00


NIGHTMARES ARE NEVER FAIR
LAZAR & JOAN


Il avait suffi de peu de choses, simplement d’un bonjour accompagné du prénom de la jeune femme pour que Joan se rende compte de la présence de l’homme habillé de noir à ses côtés. Et la manière dont la peur fit tressauter sa voix tira un sourire amusé à Lazar. Il n’avait pas toujours eu cet effet-là sur elle, mais au moins, à la voir comme ça, tassée dans la banquette confortable de ce café bondé, acculé comme un renard pendant une chasse à courre, il savait qu’il avait laissé une marque suffisamment profonde dans son esprit pour pouvoir l’exploiter encore un moment. Après tout, ce n’était pas lui qui l’avait mise à la porte, c’était elle qui était partie lorsque finalement, après trois longues années, elle avait fini par ouvrir les yeux sur un certain nombre de choses. Ce qui n’avait pas spécialement arrangé le gangster qui avait perdu une hackeuse particulièrement douée ; double manque de chance, tous ceux qui avaient tenté de la remplacer avaient très mal terminé, que ce soit d’une manière ou d’une autre. A croire qu’il n’y avait que cette demoiselle aux longs cheveux blonds qui pouvait tenir ce rôle sans craindre un fâcheux coup du sort.
Il jeta un coup d’œil au magazine qu’elle venait de refermer, tentant de détailler la couverture à moitié cachée par la main de Joan. Il n’arrivait pas à tout déchiffrer, mais le peu qu’il parvint à voir lui indiqua qu’elle n’avait pas spécialement changé depuis ces huit derniers mois.

- Toujours des lectures intéressantes, à ce que je vois.

La jeune Hoffman avait un petit côté décalé, comme si la réalité n’avait pas totalement emprise sur elle. Il y avait toujours un petit détail, une phrase, un geste, un livre, quelque chose qui n’avait pas l’air à sa place chez elle – et ça ne faisait que la rendre plus captivante encore aux yeux de monsieur O’Callaghan. Après tout, il ne l’aurait pas gardée si longtemps à son service – et dans son lit – si elle n’avait pas eu un tant soit peu d’intérêt. Bien sûr, cette qualité pouvait aussi se transformer en défaut si le contexte le permettait, mais fort heureusement, l’incident ne s’était pas produit si souvent.
Si Lazar était satisfait de la retrouver après tout ce temps sans signe d’elle sur son radar, ce n’était absolument pas réciproque.

- C’est le cas. Je ne veux pas te voir. Je ne sais même pas pourquoi tu t’es assis là. J’attends quelqu’un. Laisse-moi.

L’homme au manteau noir haussa un sourcil. Il ne se rappelait pas l’avoir déjà vue lui tenir tête de cette façon. La dernière fois qu’il l’avait vue, elle avait surtout eu l’air de regarder un monstre plutôt qu’un être humain – ce qui n’était pas si étonnant que ça quand on savait ce qu’elle venait d’apprendre à son sujet. Tant pis pour elle : elle aurait dû s’en rendre compte plus tôt. Et ce n’était pas avec ces quelques phrases articulées d’une voix tremblante qu’elle réussirait à lui faire faire demi-tour.

- Vraiment ? Et ce quelqu’un, je le connais ?

Il doutait qu’elle réponde à sa question, mais s’il lui arrivait de laisser échapper un détail par inadvertance, peut-être pourrait-il se mettre à fouiner un peu dans cette vie dont elle lui refusait l’accès depuis presque un an. Dommage pour elle : maintenant qu’il savait qu’elle n’était pas partie de la Nouvelle-Orléans, il allait sans aucun doute lancer un petit groupe de larbins à ses trousses ; après tout, s’il pouvait obtenir sa nouvelle adresse, il ne se gênerait pas le moins du monde pour lui faire une petite visite surprise.

- Y a plein de tables libres. Et même des tables avec des banquettes. Va boire ton café ailleurs. S’il te plait.

Lazar haussa les sourcils et tourna la tête vers la foule occupant les lieux, feignant la surprise. Dehors, la pluie tombait à verse, détrempant les rues et les passants qui n’avaient pas de quoi se protéger. Le Café du Monde était un endroit très fréquenté de base, alors maintenant que le ciel se déversait sur la Nouvelle-Orléans, il était pris d’assaut par les badauds qui n’avaient pas trouvé de meilleur endroit où s’abriter.

- Ah oui, tu dois avoir raison, je ne les avais pas vues entre tous ces gens qui doivent boire debout parce qu’ils ne trouvent pas où s’asseoir.

Il se tourna vers elle une nouvelle fois, ses yeux verts plantés dans les siens. Le contact visuel, voilà une chose qu’il ne fallait jamais sous-estimer. Et tant qu’il pouvait maintenir celui qu’il avait avec Joan, hors de question qu’il le laisse lui échapper.
Qu’il la laisse lui échapper, elle.

- Mais je trouve ça dommage d’aller ailleurs alors que tu as bien cinq minutes à m’accorder pour discuter. Après tout, ce n’est pas comme si tu étais seule pour le moment, hm ?

Il but une nouvelle gorgée de son café. S’il devait rester jusqu’à ce que le contact de la jeune femme arrive, alors il resterait sur place. Ce n’étaient pas les sujets de conversation qui allaient lui manquer, et si elle essayait de s’enfuir, avec une foule si dense, il aurait tôt fait de la rattraper.
Qu’elle le veuille ou non, elle était coincée avec lui sur cette banquette.

- Alors Joan, dis-moi donc ce que tu as bien pu faire durant ces huit longs mois à vouloir me faire croire que tu n’avais jamais existé.


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