Sujet: only god forgives. (janko) Sam 3 Oct - 14:45
janko dragomir vlajkovic the sky above us shoots to kill
come drink the water
• âge › Le poids sur les épaules, la lassitude dans les traits, trente-cinq années bien tapées, qui l’ont pas épargné. On lui en donne souvent plus, la faute aux rides qui froissent déjà la peau, la barbe qui durcit le visage, les prunelles qui suintent des épreuves rencontrées. Le temps qui passe c’est salaud et puis c’est traître, mais on s’y fait. On s’fait à tout. • date et lieu de naissance › Un treize novembre pluvieux, capricieux ; à croire que le soleil l’a oublié dès qu’il a vu le jour. Son berceau s’appelle Boždarevac, petit village serbe, situé pas bien loin de Belgrade la magnifique. Ça fait une éternité qu’il l’a quitté, et même s’il en dit pas un mot, il aurait aimé le voir une dernière fois. • nationalité › Ah, c’est bien compliqué ces histoires. Y a pas si longtemps il était encore un pauvre sans-papiers, sans droit d’asile sur le territoire. Et puis y a eu les menaces d’expulsion et il a fallu trouver une solution, alors il s’est débrouillé pour obtenir sa foutue carte verte. Toujours serbe, mais avec le droit de résidence permanente aux États-Unis – des politesses pour dire qu’il reste un parasite, mais que maintenant on le tolère de manière officielle. • profession › Dans c’qui semble avoir été une autre vie, il était un soldat de l’armée serbe, élevé au rang de sous-lieutenant. Il a servi sa patrie pendant plusieurs années, a combattu au front dans ces conflits qui ont secoué les pays slaves. Puis il est parti. Alors pendant ses années d’errance, il a pris ce qu’il trouvait, d’électricien à vigile, chauffeur de poids lourds, mécano et puis boucher, presque tout y est passé. À son arrivée en ville, il a fini par se dégoter une place comme homme à tout faire à l’hôpital, tantôt occupé du ménage, tantôt des problèmes logistiques en tous genres – avec le savoir-faire accumulé, il peut jouer sur tous les tableaux. Et en plus de ça, il joue au poker dans des petits cercles plus ou moins recommandables, ça rapporte un peu et ça lui plaît. Puis faut dire qu’il est pas mauvais, le bougre. • orientation sexuelle › À ses yeux, la question s’est jamais posée. Sans l’ombre d’un doute hétérosexuel, il n’a jamais juré que par les femmes et leurs mille facettes, qui lui échappent parfois mais pour lesquelles il pourrait finir par se damner. • situation amoureuse › Une sombre mascarade. L’alliance qui lui emprisonne le doigt, le patronyme qu’il a transmis à sa belle, son épouse. Marié, vous y croyez ? Lui, pas tellement. C’est un service rendu par la donzelle pour l’aider à braver les menaces de se voir renvoyé du pays, un mariage de convenance pour qu’il puisse gagner le droit de séjourner sur cette bonne vieille Amérique. Sûrement qu’ils jouent un jeu dangereux et qu’ils finiront par s’y brûler – il a déjà l’impression d’être en train de cramer. Mais foutu pour foutu, hein. • situation financière ›Modeste, mais pas forcément à plaindre pour autant. Son petit salaire lui suffit en plus de ses quelques à-côtés, il a franchement pas besoin de plus que ça. Il est de ceux qui se contentent de ce qu’on leur donne, tant que ça permet de vivre sans se prendre la tête. Alors il cherche pas à augmenter ses revenus ; pas envie, pas besoin non plus. • et vivre à la nouvelle-orléans, ces derniers temps, c'est comment ? › Pareil que depuis son arrivée, les choses ont pas franchement changé pour lui. Il a pas connu Katrina, se soucie pas vraiment des crapules qui grouillent, ni du type qui s’amuse à torturer des pauv’ gens pour leur faire payer on n’sait trop quoi. Cette ville n’est pas la sienne, elle le sera probablement jamais ; il est pas chez lui ici, mais c’est sa terre d’asile alors il fait avec. Faut juste avancer sans regarder en arrière, mettre un pied devant l’autre et espérer faire mieux, les galères se prennent à bras-le-corps et les démons s’affrontent. La vie c’est marche ou crève, que ce soit ici ou ailleurs changera rien à tout ça. • groupe ›Take me to church.• célébrité › Tom Hardy. • crédit › jonrsnow@tumblr.
some kind of madness
Janko, il a gardé les traces de la guerre ancrées au corps et au cœur. Des cicatrices qui parsèment son épiderme ici et là, un peu partout, comme ce canevas dégueulasse étalé sur sa carcasse. Et les cauchemars. La nuit c’est son calvaire, il peine pas à s’endormir mais à se réveiller, coincé dans des torrents écarlates qui le font grogner, protester, hurler parfois. Il se bat avec ses draps et son inconscient, jusqu’à ce que ses paupières daignent s’ouvrir dans un sursaut. • Depuis qu’il est gamin, il a cet attrait particulier pour le dessin. Toujours un crayon et du papier entre les doigts, il a pris l’habitude de reproduire ce qu’il voyait, surtout les visages des gens qui passaient. Des portraits il en a fait des tas, jeté la plupart sur le chemin. Mais plus maintenant, ça s’entasse dans un coin de sa piaule, certains froissés et d’autres précieusement conservés, des traits qu’il a simplement croisés et d’autres qu’il connaît par cœur. Puis ceux qui reviennent sans cesse et qu’il prend garde à bien cacher ; faudrait pas qu’elle leur tombe dessus, sa donzelle. • Pas encore bien habitué aux grandes villes et au bordel qui les accompagne, il a parfois besoin de souffler, s’isoler. Alors il se tire en périphérie de NOLA, cherche un coin de nature où il pourra se poser comme un ermite, pour une durée plus ou moins longue. En général il prévient pas avant de partir, il se contente de s’exiler là-bas. Un foutu homme des cavernes quand il s’y met. • L’éducation c’est important et la sienne lui a appris des tas de choses. Oh il a pas passé beaucoup de temps sur les bancs de l’école et il est pas particulièrement cultivé – pas idiot pour autant – mais il a acquis de nombreuses valeurs. Bourré de principes, il a ses propres codes qu’il suit scrupuleusement. Toujours poli bien que bourru, gentleman avec ces dames, travailleur qui ne rechigne jamais à la tâche ; il a une ligne de conduite et il s’y tient. • Parler, c’est pas son fort, ça l’a jamais été. Les mots c’est trop compliqué, il aime pas les manier, et il se contente en général du minimum syndical. Ses phrases sont brèves, il va à l’essentiel et il aime pas tourner autour du pot. Ça lui arrive aussi de s’exprimer en grognant, pour pas avoir à ouvrir la bouche. C’est trop une corvée. • Quand il était gosse on lui a appris à jouer aux cartes, parce que c’était la meilleure occupation du soir. Le tarot, le dourak, le pouilleux, le rami, la belote, le trente-et-un, le poker, et ainsi de suite ; tout y est passé. Il est passé maître dans l’art de battre les cartes et a perfectionné ses tactiques de jeu à l’armée, jusqu’à devenir redoutable au poker. Ce dont il se sert aujourd’hui pour gagner un peu d’argent, en plus de passer le temps. • Les américains sont franchement étranges, si vous voulez son avis. Il n’est au pays que depuis deux années, n’y avait jamais mis les pieds auparavant, et c’est tout un nouveau monde qui s’offre à lui. Il a encore du mal à se faire aux habitudes et modes de vie d’ici, ainsi qu’à la population. Souvent un peu à côté de la plaque et pas bien adapté, il a l’air bizarre mais ça tombe bien : pour lui, c’est eux les foutus ovnis. • Chez lui, la religion a toujours eu une certaine place, et il a grandi parmi des catholiques convaincus. Il croit en Dieu et ne s’en cache pas même s’il le crie pas sur tous les toits, il est pieux mais loin d’être fanatique ; et puis il suit pas tous les préceptes de la Bible, même si ça remet pas sa foi en cause. Toujours son chapelet campé autour du cou, il se rend à l’église de temps en temps pour trouver un peu de calme ou prier, c’est son havre de paix. • Malgré sa carrure impressionnante, il est d’un tempérament calme et a très rarement recours à la violence – c’est un roc devenu presque inébranlable. Faut y aller pour réussir à le faire sortir de ses gonds, mais si c’est le cas, vaut mieux prendre ses jambes à son cou. C’est pas bon de se le mettre à dos, il est posé certes, mais il en reste pas moins dangereux. • Amoureux des bêtes, il se fait souvent suivre par les animaux errants qu’il croise et prend toujours du temps pour les caresser, les nourrir aussi. La vieille dame gâteuse du quartier c’est lui, qui sort dans la rue avec des gamelles qu’il donne aux chiens et chats qui traînent dans le coin et qui l’ont tous plus ou moins adopté. Y en a bien un qu’il a ramené à la maison, un bébé pitbull noir dont il se sépare presque plus et qu’il bichonne comme un gosse. Il l’a appelé Sava, clin d’œil à un lac de chez lui, et surtout au saint patron de la Serbie. • En plus de son serbe natal, il parle un espagnol un peu approximatif mais suffisamment correct pour comprendre et se faire comprendre, grâce au temps qu’il a passé en Amérique du Sud. En ce qui concerne l’anglais, il a mis un moment à en apprendre tous les rouages, et encore aujourd’hui il lui arrive de confondre les mots ou les expressions, mais rien de bien dramatique. Par contre dès qu’il ouvre la bouche, son accent transpire à chaque syllabe prononcée. Ça laisse pas la place au doute quant à ses origines slaves, et dans le fond, ça le dérange pas qu’on le sache étranger. • Des tatouages, il en a plusieurs. Ça va de ses bras à son torse, son ventre et puis ses flancs, son dos, ses épaules, sa nuque. Faits au fil des années, y en a qui datent de sa jeunesse en Serbie, d’autres de son voyage au Sud du continent, et les plus récents ont été faits ici. Chacun sa signification et sa valeur, dont il parle pas. • Si y a bien un truc qu’il aime dans ce pays, c’est la musique. Le rap, surtout. Allez savoir pourquoi, il s’est découvert une passion pour ce genre là et c’est principalement ce qu’il écoute. Il murmure même en rythme quand y a personne dans les alentours, et c’est pas toujours concluant vu sa maîtrise des intonations américaines. Il s’en fout, lui, ça lui plaît. • Il comprend décidément que dalle à la technologie, et s’il a un portable, c’est seulement parce qu’on l’y a poussé. Il s’en sert pas de toute façon, ronchonne constamment contre ce machin qui l’emmerde, et se contente de répondre quand on l’appelle. Lui parlez même pas d’internet, il pigera rien, un peu hermétique à l’évolution de ces trucs-là. Moins y a de gadgets, mieux il se porte, et s’il s’écoutait il se contenterait de courriers. • La pauvreté c’est ce qui l’a bercé, et c’est de là qu’il tient son tempérament de bosseur. Alors forcément il sait se contenter de peu, très peu même. C’est un adepte des plaisirs simples, il a pas besoin de grand-chose pour vivre et pour être heureux. Des draps propres, un morceau de pain, un coin de verdure et un peu de compagnie – pour lui c’est l’paradis. • Janko, c’est un fantôme. Il traîne sa carcasse dans les ombres, souvent accompagné de son chien et d’une odeur de tabac, un cure-dent au coin des lèvres et les paluches enfoncées dans les poches. Il se fait oublier, hante les rues et les couloirs en silence, scannant ses alentours sans broncher. Il observe, il enregistre, il se tait. On le voit pas venir, l’homme invisible. Pas tant qu’il l’a pas décidé.
pursuit of happiness
• pseudo › devine (oui, c'est re moi, aka serial chiller, aka Marion) • âge › Vingt ans mais pas toutes mes dents. • pays › Le Sud. Bah ouais c'est un pays, keskia • comment as-tu découvert le forum ? › via moi-même x4, susu. • un dernier mot à nous dire ? › CEY PAS MA FAUTE OK.
J'atteste par ailleurs qu'en créant ce personnage, je l'expose au danger d'être mis à l'épreuve par le Tueur au Puzzle.
○ recensement du prénom. (prénom utilisé uniquement)
Code:
<bottin>○ janko</bottin>
○ recensement du nom. (nom utilisé uniquement)
Code:
<bottin>○ vlajkovic</bottin>
fiche (c) elephant song.
Janko Vlajkovic admin ○ nightcall
○ messages : 54
Sujet: Re: only god forgives. (janko) Sam 3 Oct - 14:45
in life we can't be free
{ yougoslavie, 1999 }
Dès le départ, il a senti qu’un truc clochait. C’était foireux, de s’laisser envoyer sur cette mission douteuse – ils l’ont tous senti. Mais on discute pas les ordres des supérieurs, même quand on sait qu’on est treize dans le même bateau, treize à se faire mal voir parce qu’on est pas d’accord. Treize à avoir la gerbe quand on voit la façon dont les grands choisissent de se battre, quand les populations souffrent et saignent au nom de leurs forces armées. Janko, il supporte pas. Il les a vus, ses comparses ; y en a qui vont saccager les maisons des gens qui ont déjà pas grand-chose, qui malmènent les vieux et les donzelles, qui font pleurer les gosses et qui ricanent face à la douleur de leurs victimes. C’est pas pour ça qu’il s’est engagé, lui. C’est pas pour ça qu’il a signé. Les cibles à abattre c’est l’ennemi, c’est les soldats du camp d’en face, pas leur peuple ; et pourtant c’est comme ça depuis le début. C’est les plus forts qui attaquent les plus faibles des deux côtés, parce que c’est plus simple de massacrer les civils que d’affronter son véritable adversaire.
Alors ils sont treize. Treize à avoir une conscience plus bruyante que les autres, treize à vouloir trouver un moyen d’arrêter cette machine infernale et de remédier à tout ce bordel. Treize, à pas avoir été assez discrets. Janko c’est pas un leader, c’est qu’un gars qui attendait qu’on s’insurge et qui s’est allié à ceux qui partagent son opinion. C’est qu’un mec silencieux qui fait pas de vagues, qui fait ce qu’on lui demande et qui rit de bon cœur aux conneries de ses camarades. C’est qu’un putain de type qui voulait aider, et qui se retrouve là, coincé sous les décombres d’un pont, le bruit des balles et des détonations qui lui sifflent à l’oreille. Il a du sang dans la bouche et sur les cils, un brasier qui lui lancine la gorge et de l’acide au creux des veines. Il voit flou, il entend plus qu’un sale bourdonnement qui lui vrille la tête, et la sensation de ses membres engourdis commence à sérieusement le faire flipper. Un regard à droite, puis à gauche, et il aperçoit Mihailovic, un de ses acolytes. Il est face contre terre, immobile, et Janko se contorsionne pendant un moment avant d’enfin réussir à lui mettre la main dessus – les doigts cramponnés sur sa cheville, il tire de toutes ses forces pour l’approcher de lui au maximum. Il le secoue, sans recevoir la moindre réponse. Et quand il le retourne, y a une part de lui qui se brise en voyant le trou dans son visage.
Il sait pas combien de temps il reste là, prisonnier des blocs de ciment, son arme à la main et le cœur au bord des lèvres. Quand il voit débarquer deux silhouettes, il est prêt à leur tirer dessus, prêt à se battre jusqu’à la dernière seconde ; mais c’est ses gars. Ils le sortent de là, le soutiennent un peu pour l’aider à tenir debout malgré sa jambe blessée. Il essaie d’insister pour qu’ils embarquent la dépouille de Mihailovic avec eux, mais on lui dit qu’ils ont pas l’temps. Ils ont à peine réussi à se tirer de là et à se planquer dans les broussailles que le pont explose, pulvérisant les derniers débris, et leurs frères tombés là-bas. Des treize, il n’en reste plus que cinq – Janko compris.
On les a assassinés. Ils se préparaient à faire quelque chose dans l’ombre, et on les a devancés. Ah qu’il est âcre, le goût de la terre et du sang, de l’injustice et de la trahison. Ça le prend à la gorge et ça lui donne envie de tout dégommer. L’armée c’est pas ce qu’il croyait, l’armée elle a perdu ses valeurs et elle l’a poignardé dans le dos ; l’armée c’est creuser des tombes à la pelle avant d’aller sauter dans la tienne. L’armée c’est une chienne et ils se sont faits baiser. On les a tués, tous autant qu’ils sont. Les morceaux de leurs compagnons dispersés avec les ruines, et les morceaux d’eux-mêmes qu’ils retrouveront jamais. Même eux, les rescapés, ils sont morts. Morts aux yeux de l’armée, morts aux yeux du monde. On les a éradiqués.
Y en a qui veulent trouver un moyen de rentrer au pays, à la maison, de retrouver leur famille et de recommencer à zéro. Mais Janko, il a plus de maison. Janko, il a perdu son chez-lui à l’instant même où on l’a laissé pour mort. Il peut pas rentrer. Il pourra plus jamais. Il préfère qu’on le croie mort et qu’on foute la paix aux Vlajkovic, qu’il s’agisse de sa famille ou de lui. Il préfère se tirer. Y a personne qui viendra les aider, personne qui viendra les sauver. Ils sont plus que des fantômes destinés à errer et il a aucunement l’intention de rester le coin. Quitte à hanter et être hanté, autant le faire sans contaminer sa terre d’origine. Il est plus là. On a voulu le rayer d’la carte ; il s’applique à gommer les restes. Disparu, le soldat. Éparpillé aux quatre vents, avec les bouts de son âme qui lui ont été arrachés.
{ mexique, 2005 }
Le camion semble rouler sur un obstacle qu’ils peuvent pas voir, et ils se font tous secouer brutalement. La bonne femme à côté de lui lâche un petit cri, avant de cramponner ses mains contre sa bouche, fermer les yeux et puis se remettre à prier. Depuis qu’ils sont partis, elle fait que ça. Trembler, sursauter, s’affoler, et prier. Encore et encore. Il l’observe du coin de l’œil, et ça lui filerait presque envie de l’accompagner, y a son chapelet qui pèse autour de son cou et il a l’impression qu’il devrait faire comme elle. Mais il se retient. C’est ni le moment ni l’endroit, ils sont tous serrés les uns contre les autres et il fait trop chaud, ça pue, tous ses muscles sont engourdis et il se sent étouffé. Comme une bête en cage. C’est le prix à payer pour passer la frontière, c’est les joies d’être un clandestin.
Déjà six ans qu’il arpente l’Amérique du Sud sans but précis, à prendre les boulots qui passent et à dormir là où il trouve un peu de place ; vivre de rien, vivre de tout, vagabonder et puis traîner sa carcasse en silence. Ça lui convient, comme mode de fonctionnement. Il a besoin de rien de plus et il s’est pris à apprécier ce quotidien d’errance, parce qu’au moins il est libre, au moins on attend rien de lui. Bien sûr la Serbie lui manque, c’est l’absence qui creuse un trou dans la poitrine et qui donne le mal du pays, mais il s’est résigné. Ce qui a été le plus difficile c’est la famille, les trois sœurs et la mère abandonnées derrière lui, les femmes qu’il a passé une majorité de sa vie à protéger du mieux qu’il a pu. Y a des jours où il s’en veut d’être parti et de les laisser croire qu’il est mort, puis il se souvient de la cause, et des risques que ça pourrait représenter de revenir sur ses pas. Et la honte d’avoir déserté – quand bien même c’est pas exactement le cas, quand bien même on lui a pas donné le choix, c’est l’honneur qui se sent bafoué et lui qui a le cœur souillé, perforé. On revient pas en arrière ; Janko, il en est persuadé.
Mais ça l’empêche pas de se tenir au courant comme il peut, de là où il est. Et d’apprendre le décès de sa mère, puis la maladie d’une de ses sœurs ; la misère qui a jamais vraiment quitté le quotidien des Vlajkovic et l’impression qu’il est devenu impuissant. Il peut pas rester inutile. C’est son devoir, de veiller sur elles, même dans sa prétendue mort. Alors c’est ce qu’il compte faire en allant demander l’aide de son cousin, en s’infiltrant aux États-Unis dans un camion merdique, entouré d’un tas de gens qui font comme lui. On dit que c’est la terre promise – il pense que c’est des foutaises, mais il en dit rien. Il y va pas pour chercher un quotidien meilleur, la richesse ou du boulot, il y va pour faire son devoir. Celui dont on l’a privé y a des années.
Et la bonne femme, elle continue de marmonner en espagnol, les mains jointes et la croix serrée entre les doigts. Leurs regards se croisent et dans le sien, il a l’impression de lire toute la détresse du monde. Ça le heurte avec tellement de force qu’il reste bloqué, là, comme ça ; prunelles vrillées sur leurs voisines et sourcils à demi froncés. Y a le monde qui s’arrête de tourner, et Janko finit par plonger une main dans son t-shirt pour attraper son chapelet et le sortir de sa cachette, sans quitter la dame des yeux. Elle l’observe faire, esquissant l’ombre d’un sourire qu’il est pas capable de lui rendre, mais son léger hochement de menton compense avec ses traits tirés, fermés.
Quand elle recommence ses prières, il se joint à elle en silence. Il se contente de tenir sa croix du bout des phalanges, de baisser la tête, et de fermer les yeux. Il se laisse bercer par le flot incessant qui émane des lèvres de sa camarade, ne réussissant à en comprendre qu’une partie mais c’est pas important. Il fait comme elle, toujours dans ce même mutisme, leurs bras se cognant doucement quand une nouvelle bosse vient les bousculer. Mais cette fois elle ne crie pas, elle se détend un peu contre lui et il la laisse faire sans broncher. Elle le connaît pas, il la connaît pas, ça changera certainement pas, mais ça veut pas dire qu’ils peuvent pas s’épauler pendant cette tranche de vie partagée. La route est encore longue et vaut mieux s’entraider pour pas crever.
{ nouvelle-orléans, 2007 }
Ils doivent avoir l’air foutrement cons, tous les deux. Janko le devine à l’air perplexe du bijoutier, son sourcil arqué et son regard un peu suspicieux – on dirait presque qu’il se demande s’ils sont pas là sous la menace. C’est un peu le cas, dans le fond. Ils ont pas envie d’une putain d’alliance, que ce soit l’un ou l’autre, et pourtant ils sont là. Franchement paumés et un peu mal à l’aise, ils osent à peine se regarder, et Janko se contente de la suivre en silence pendant qu’elle regarde les anneaux. Elle lâche des petites remarques hésitantes ici ou là, et il sent dans le ton de sa voix qu’elle crève d’envie de partir en courant. Il la blâme pas : lui aussi. Il a presque envie de lui répéter une énième fois qu’ils sont pas obligés, qu’elle a pas à l’épouser et qu’il se démerdera tout seul. Mais maintenant que l’idée a été lancée, elle refuse de reculer. Elle s’acharne à vouloir l’aider et il se demande bien pourquoi. Elle a rien à y gagner, tout à y perdre. Elle se le trimballe déjà chez elle depuis trop longtemps, et maintenant elle va se retrouver avec son patronyme. La pauvre, ouais.
Le vendeur se cale sur le comptoir, commençant visiblement à perdre patience. Ça fait au moins une heure qu’ils sont là-dedans et ils ont pas avancé d’un poil, Kirsteen observe les vitrines comme un animal pris au piège, et Janko se contente de rester en retrait en faisant comme s’il était pas là – à force d’espérer, il finira peut-être par se téléporter. Mais le temps se fait sacrément long et il a pas envie d’y passer la nuit, visiblement l’employé non plus, et il est prêt à parier que la donzelle est dans le même cas qu’eux. Il est même presque sûr qu’elle a une folle envie que la terre s’ouvre sous ses pieds pour l’aider à disparaître, ça se lit dans le froncement de ses sourcils et le pincement de ses lèvres. Alors il soupire doucement, se faisant violence pour prendre les devants et stopper le massacre. Son index se lève en direction d’un anneau en argent, fin et surmonté d’une petite pierre transparente. Le bague brille un peu mais pas trop, délicate et discrète, mais plus belle que toutes les autres selon lui ; un peu comme celle à qui elle est destinée.
« Hm. Celle-là. » Ça sort du bout des lèvres, comme si c’était une corvée d’avoir à prononcer les mots. Son regard croise celui de Kirsteen et il lui désigne vaguement le bijou, avant de se racler doucement la gorge, s’efforçant de rester impassible. « Essaie-la. » Y a pas à dire, il se sent vraiment idiot. Mais au plus vite ils en auront fini, au plus vite ils pourront se tirer de là et continuer à faire comme si de rien n’était. Alors il l’observe en silence alors qu’elle finit par s’exécuter, l’air toujours aussi hésitante mais visiblement soulagée qu’il soit venu à sa rescousse. Plus ça va, et plus il se demande pourquoi il a accepté ce stratagème à la con – c’était la pire idée du siècle. Et maintenant, il est fichu.
fiche (c) elephant song.
Harlan Kovacs kill of the night
○ messages : 235
Sujet: Re: only god forgives. (janko) Sam 3 Oct - 15:17
c'est tellement un combo de choses beaucoup trop classes, le janko, en fait
REBIENVENUE CHEZ TOI moi je dis, faudra absolument des liens partout partout
Jolene Atkins admin ○ nightcall
○ messages : 19
Sujet: Re: only god forgives. (janko) Sam 3 Oct - 19:46
T'ES PARFAITE, JE T'AIME, J'AI HÂTE QU'ON FASSE DES BÉBÉS. omg omg, je t'aime.
CONGRATULATIONS bienvenue dans les rangs ! Bonjour, Janko, et bienvenue dans ma ville. J'ai entendu dire que tu te replis sur toi-même. Que tu vis un mensonge. Mais la vérité fini toujours par se savoir. Fais attention à toi. Nos erreurs finissent toujours par nous rattraper.
Félicitations, mon brave. Tu t'en doutes sûrement, mais si tu vois ça, ça veut dire que tu es enfin officiellement des nôtres, avec une jolie couleur et tout le package. Nous t'invitons par le biais de ce petit formulaire à passer par la suite dans quelques sections importantes pour ton intégration au forum et au jeu. Nous, on s'occupe de recenser ton avatar et ton pseudo, mais si tu veux recenser ton métier, ton logement, ton numéro de téléphone ou ton adresse mail, c'est à toi de le faire ! On t'invite également à aller faire un tour du côté des fiches de liens, pour te trouver plein de copains, ainsi que des rps. N'hésite pas non plus à remplir notre partie scénario de tes idées ! Et n'oublie pas d'aller voter pour nous toutes les deux heures, histoire de ramener encore plus de potentielles victimes pour notre tueur d'amour ! Faut bien le nourrir, le petit.
Et surtout, si tu as la moindre question, n'hésite pas à t'adresser à Fred(ou Maddox), Alma(ou Quinn), Judith(ou Elijah), ou bien Alison(ou Aslinn) !
Janko Vlajkovic admin ○ nightcall
○ messages : 54
Sujet: Re: only god forgives. (janko) Sam 3 Oct - 20:01
Harlan, merciiiiii t'es cute pis ce s'ra avec plaisir les liens yo on s'verra ça
Jolene, merci pour la validation love ET OUI HÂTE AUX BÉBÉS JE T'AIME AUSSIIIIIIIIIIII
Eamon Fitzgerald admin ○ nightcall
○ messages : 125
Sujet: Re: only god forgives. (janko) Sam 3 Oct - 20:35
juste histoire de venir polluer jusqu'ici. t'es parfaite, once again.
Janko Vlajkovic admin ○ nightcall
○ messages : 54
Sujet: Re: only god forgives. (janko) Sam 3 Oct - 21:56