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 the evening of my best day

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Ester Jankovic
Ester Jankovic
kill of the night


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MessageSujet: the evening of my best day   the evening of my best day EmptyJeu 28 Jan - 0:42

C’est rare qu’ils se retrouvent à trois dans la maison, et uniquement à trois. Il y a bien sûr toujours quelques nippers qui patrouillent dans le jardin et dans le quartier, mais les murs crasses qui tiennent la maison sont à eux. Il est d’autant plus rare qu’ils y soient et que l’ambiance soit aussi calme et sereine. Les larmes et les cris ne sont jamais bien loin, c’est certain, mais pas dernièrement. Ils se sont pardonnés, sans vraiment se le dire, les blessures qu’ils se sont infligés, celles physiques, mais aussi et surtout, celles de l’âme. Ca a pris du temps pour qu’ils se retrouvent les uns et les autres, pour qu’ils retrouvent leur équilibre si fragile et essentiel à la fois. Ca a pris du temps, mais moins qu’il n’y paraît. Malgré les peurs et les angoisses, la certitude qu’ils ne peuvent plus faire sans les autres prend le pas sur tout le reste. La routine a fait le reste du travail, et ils se sont retrouvés, comme d’habitude, autour de la table de la cuisine pour manger, fumer ou picoler, à écouter les nippers se chamailler entre eux. Les nuits ont été particulièrement agitées, entrecoupées des crises d’Ester, qui elles aussi, se sont finalement calmées.

Les mains plongées dans la pâte qu’elle pétrit avec application, Ester profite du calme de l’endroit. C’est particulièrement appréciable de retrouver un peu de silence et un semblant d’intimité. C’est temporaire, bien sûr. A travers la porte ouverte de la cuisine, elle couve du regard Sam et Saul, chacun assoupis dans un fauteuil du salon. La pipe de Sam est posée sur l’accoudoir, et elle respire calmement et régulièrement. Le regard serbe s’attarde ici et là, avant de se poser sur Saul, allongés de travers, des écouteurs vissés sur les oreilles. Ils ne dorment pas, jamais personne ne dort vraiment ici. Mais, comme elle, à leur manière, ils profitent de cette trêve bienvenue dans leur quotidien. Pourvu que ça dure toujours. Pourvu que tout reste comme ça, elle songe, et que plus jamais rien ne change. Elle pourrait vivre comme ça, elle pourrait vivre de ça. De cette sérénité et de ce bien-être. Et le temps file lentement, sans que rien ne vienne les perturber. Les biscuits enfournés, Ester les rejoint dans le salon. Et, d’humeur taquine, elle soulève l’une des oreillettes de Saul… « Vraiment ? », rit-elle doucement quand elle découvre ce qu’il écoute. Elle ne se moque pas, pas vraiment. C’est plus de la surprise et de l’attendrissement, et d’ailleurs, la main passée contre le bras de Saul témoigne de toute son affection. « Je pensais pas que tu écoutais ce genre de musique », s’amuse-t-elle encore. « Barbara Streiand », ajoute-t-elle à l’égard de Samira. A la réflexion, elle ne sait pas grand-chose de lui, ni de Sam. Ils ne connaissent que l’essentiel, et ça leur a suffi, jusqu’ici. « Et tu as beaucoup d’autres secrets cachés, comme ça ? »
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Saul Weiss
Saul Weiss
kill of the night


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MessageSujet: Re: the evening of my best day   the evening of my best day EmptyJeu 28 Jan - 14:04

Un demi sommeil lui pèse sur les épaules. La chaleur moite, pleine d'acide, de la fin d'octobre a laissé place aux pluies franches de novembre. L'air est chargé de douceur et le vent entre par toutes les fenêtres laissées béantes. Ça lui arrose le front d'une tranquillité d'esprit bienvenue. Le calme des environs est rarement entrecoupé du ronronnement lointain d'un moteur, de la sirène plus lointaine encore d'une voiture de police et des piafs qui s'agitent sur le bitume délaissé par les hommes. Saul ne les entend pas. Avec ses écouteurs collés aux tympans, il scrute, les paupières entrouvertes, un point de plus en plus vague devant lui. Au début, c'était la tranche d'un livre. Désormais, les couleurs et les sons se confondent en un théâtre étrangement paisible pour la bête humaine qu'il est constamment. Il s'assoupit, avec la certitude, nichée profond dans le creux de son être, que rien ne peut éteindre ce moment pour un moment encore.

Affalé dans son fauteuil miteux, le son dresse un rempart entre le monde et lui. Ester lui brise sa solitude artificielle et, lorsque Saul cligne des yeux, une vague lumière se mêle à la bouche fendue par le rire. Sans qu'il devine pourquoi, il est dérangé par la plaisanterie et il doit se redresser, s'asseoir plus nettement sur son cul, pour se laisser pénétrer par la farce : l'écouteur vissé à son oreille, et la mélodie répandue dans le tympan, le nipper se masse la nuque et fronce les sourcils. Ester est magnifique mais il lui semble qu'elle s'amuse à ses dépens. C'est ce qu'elle fait, et la main qu'elle passe sur sa peau ne remédie pas à l'orgueil poinçonné de Saul. « J'écoute pas ce genre de musique, il répond machinalement. » D'une main leste, il arrache le dernier écouteur qui l'enchaîne à Barbra. Et lorsque la serbe partage sa découverte avec Samira, il se renfrogne purement et simplement, les bras croisés et les poings enfoncés dans les côtes. L'idée qu'on se moque de lui le vexe profondément. Cependant, son visage, tordu par le sommeil et le réveil, affiche plutôt la moue boudeuse d'un gamin qu'on accuserait d'être une fille sous prétexte qu'il n'a pas tapé de la semaine dans un ballon. Finalement, il hausse les épaules avec un peu de sarcasme et de férocité dans l'expression : « C'est pas un secret, il dit en désignant vaguement le lecteur audio. J'attendais juste le bon moment pour vous le dire. » Sa soudaine autodérision surprendrait la plupart des nippers. Elle est fausse, il faut dire – Saul ne sait pas comment se dégager de son embarras sans donner le sentiment qu'il participe de la plaisanterie. « J'l'ai jamais dit à mes parents, m'voyez. » Il fourre les écouteurs et tout le reste dans le fond de sa poche, et il ne s'assure pas un seul instant que le volume sonore soit descendu ou l'appareil éteint. La musique se diffuse longtemps après que le silence se soit installé. « Oh, ça va... » La pointe de mauvaise humeur qui s'allume dans son crâne disparaît comme d'être soufflée. « J'aime bien. Faudra vous y faire. »
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Samira Foxx
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kill of the night


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MessageSujet: Re: the evening of my best day   the evening of my best day EmptyDim 28 Fév - 17:42

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Ester Jankovic
Ester Jankovic
kill of the night


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MessageSujet: Re: the evening of my best day   the evening of my best day EmptyMer 2 Mar - 23:31

A la mine renfrognée de Saul, Ester répond par un sourire affectueux, qui se fane rapidement quand il répond avec plus de férocité que ce qu’elle espérait en réaction sa moquerie attendrie et taquine. Ester ne sait pas quoi faire de cette ironie qu’il lui oppose. Et elle se retrouve encore désemparée quand il semble finalement préférer l’humour à la mauvaise humeur. Sam vole à son secours, et prolonge la plaisanterie, avant de mettre des mots sur ce qu’Ester tentait d’exprimer – maladroitement il semble. Parce qu’elle s’est un peu éloignée (l’instinct) quand Saul s’est assombri, la serbe s’approche à nouveau du fauteuil où Saul somnole, et colle son dos contre le dossier, abandonne un instant sa tête contre l’accoudoir avachi. Samira lui donne l’occasion parfaite pour fuir, et elle se précipite dans la cuisine pour surveiller la cuisson des biscuits qu’elle vient à peine d’enfourner. Sa confiance s’étiole encore bien trop rapidement, ces derniers temps, et ses angoisses sont toujours prompts à ressurgir violemment. Ester est redevenue cet animal craintif qui déguerpit dès que la main se lève, qu’elle soit promesse de douceur de ou violence. Échaudée par les derniers affrontements qui les ont opposés, elle s’applique à éviter les disputes et les contrariétés. Et pourtant, plus qu’avant, son cœur s’emballe quand elle les voit, et dans son corps naissent trop de sensations qui la rendent fébrile. Alors, elle s’attarde plus que de raison dans la cuisine, assez de temps pour calmer les battements affolés de son palpitant, et quand elle revient dans le salon, son visage n’exprime rien du trouble qui l’a prise un instant. « Il reste environ vingt minutes » Elle tente un sourire, pas très convaincant, mais reprend néanmoins sa place, le cul sur le tapis élimé et le dos contre le fauteuil.

« Je vous aime. »

Ca détonne, au milieu de ces déclarations légères. Mais c’est spontané, presque vital. Fallait que ça sorte après des semaines et des jours à mâcher son angoisse et ses craintes. Fallait qu’ils le sachent. Et elle ne leur a jamais à tous les deux. A l’un et l’autre, séparément, plus d’une fois. Jamais aux deux en même temps. Mal à l’aise, ses yeux évitent de rencontrer ceux de Sam en face d’elle et elle s’oblige à fixer le tapis devant elle. Les picotements de son ventre sont logés dans ses bras et dans ses doigts, et son cœur s’emporte à nouveau. Plus que tout, Ester a besoin d’être rassurée, de savoir que c’est réciproque. Mais jamais elle n’ose plus vraiment réclamer l’attention ou l’affection, parce qu’elle recolle minutieusement les lambeaux de sa confiance, éparpillés au fil des disputes. Ca lui prend encore de longues secondes avant que sa main ne vienne finalement taquiner la cheville de Saul et que ses yeux rencontrent enfin ceux de Sam. C’est encore le meilleur moyen qu’elle a trouvé pour appuyer ses mots, pour leur donner tout leur sens. Elle aime Saul et elle aime Sam, et c’est sacré et précieux. Un par un, chacun de ses troubles meurt pour laisser place à autre chose, de plus agréable. Alors, elle accepte aussi de baisser la garde, de ne plus être sur la défensive. Son esprit cesse de s’inquiéter pour ce qui pourrait ou non être mal interprété : ce moment leur appartient tout entier. Cet instant suspendu dans le temps, où ils se retrouvent. Et le sourire qu’elle offre à Sam, enfin, est lumineux.
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Saul Weiss
Saul Weiss
kill of the night


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MessageSujet: Re: the evening of my best day   the evening of my best day EmptySam 5 Mar - 17:01

Le poing fermé autour du lecteur dans sa poche, Saul est heureux que Samira détourne toute l’attention à son profit. S’il avait une nature moins prompte à la rancune, il lui glisserait un regard reconnaissant. Mais, s’il s’abstient, c’est qu’il est aussi soulagé qu’il était contrarié qu’elle se moque de lui, elle aussi. Ses doigts relâchent lentement de leur emprise, et c’est bien plus facile de dissiper son revirement d’humeur pendant que Sam leur livre un éclat de ses souvenirs. D’abord, Saul ne s’attarde pas. Puis, son ego léché comme une plaie, il lève des billes parfaitement neutres. Tout spécialement piqué dans son orgueil déplacé, Saul n’a pas l’occasion de manifester sa surprise. Après ses protestations susceptibles, il sait qu’il n’a pas le droit. Néanmoins, l’idée lui reste : que Samira embrasse une fille a quelque chose de dérangeant. Il ne peut pas l’expliquer. Il n’est pas assez con pour le dire non plus. Il se tait, aussi farouchement qu’une religieuse bloquée dans un boulevard le jour de la gaypride. Ça n’est pas difficile de s’ouvrir les lèvres d’un rictus qui accepte de mentir pour lui. Il s’enfonce davantage dans le moelleux abîmé de son siège, un soupir à la bouche qui n’avoue rien précisément. Il se plonge dans l’attente, à la frontière des voix.

Les paupières closes, il sent qu’Ester s’adosse à son fauteuil. Elle n’a abandonné aucun de ses secrets inavouables – à moins que les délais de cuisson puissent constituer un procédé digne d’être gardés pour soi. Pour les deux autres, ça ne ferait pas une offrande acceptable, et elle doit le savoir. En revanche, les arcanes qu’elle choisit d’éclairer sont si inattendues, et d’un pouvoir si grand, que Saul en est heurté, pressé, dans la poitrine. Sous le coup du battement que son cœur manque, il s’est redressé. Il n’a pas besoin de consulter Samira pour savoir que le moment exige qu’ils répliquent. Néanmoins, il allonge, par-dessus Ester qui les sépare depuis le sol, un regard alerte jusqu’à sa complice. Bien sûr, il faut peser ses mots. Il faut surtout les trouver. Et ça ne soulève pas de réaction unanime au fond de lui. Dérangé à l’idée de répéter, et de se déclarer aussi collégialement qu’Ester le fait, Saul n’aime pas plus l’idée qu’elles ne puissent pas l’entendre. C’est vrai, après tout. Il les aime, toutes les deux et chacune. Mais ça ne se dit pas, n’est-ce pas ? Une voix, intense, profonde et maternelle, lui interdit de le dire. En outre, quelque chose d’autre le fâche : il est forcé de voir le lien qui rive les deux femmes l’une à l’autre. Saul n’est pas stupide. Saul n’est pas naïf. Il ne cherche pas non plus à déceler avec exactitude. Il devine. Il reste à la limite de ce qu’on sait sans avoir à l’admettre pour que ça n’ait pas tous les aspects de la vérité et du réel. Il garde pour lui les états inhabituels et il s’empêche férocement d’y penser. La serbe lui reprend cette prudence. Elle attaque frontalement cette pruderie hypocrite, qu’il s’imagine avoir prodiguée par respect. Il est aussi noué à Ester, qu’Ester à Sam et Sam à lui. Ça ne plait pas aux schémas de société, ça contrarie des valeurs ridicules dont il ne sait quoi faire et, finalement, il reste trop longtemps silencieux. Quand il ignore ce qu’il convient de prononcer, Saul essaie plutôt de s’accomplir. Par-dessus l’accoudoir, il passe son bras autour du cou et sa main flotte contre la gorge d’Ester. Il effleure la peau à l’index, au majeur, et il se penche pour abandonner un baiser sur la tempe. Samira sera son juge. Longtemps, il a le regard planté dans le sien ; quand il console encore Ester de ses craintes, quand il l’enlace de ses deux bras, quand, et d’au-dessus et de côté, il lui fait basculer le crâne et emprisonne ses lèvres des siennes. Quand il embrasse Ester, Saul accroche longuement les yeux de Sam, aussi transcendé que si c’était elle, aussi témoin que si c’était elles.
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Samira Foxx
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kill of the night


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MessageSujet: Re: the evening of my best day   the evening of my best day EmptyDim 3 Juil - 16:01

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Ester Jankovic
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MessageSujet: Re: the evening of my best day   the evening of my best day EmptyMar 5 Juil - 23:43

Un instant passe. Puis un autre. Le moment semble durer une éternité à Ester, et bientôt, elle regrette. Elle regrette ces trois mots, et crains d’avoir, encore, gâché leur moment. Elle aurait pu partager un souvenir, de son enfance par exemple, en Serbie, ou de son arrivée aux Etats-Unis. Elle aurait dû se taire, c’est une certitude, et la pensée ricoche partout dans son esprit, se distille dans le moindre recoin de son corps. Elle veut fuir. L’angoisse l’étreint brutalement, et alors qu’elle se contente de fixer un point invisible, une tâche quelconque sur le sol, du vin ou de la bière probablement. C’est tous ses muscles qui se tendent et se crispent, et qui bientôt demandent la grâce et la libération. Quand elle sent la main de Saul, rugueuse, descendre le long de son cou, elle y consent enfin. En réalité, toute la tension atroce et vive qui s’est logée en elle reflue aussi vite qu’elle est montée. Elle en oublie de respirer, même. Ester reste immobile, savoure ce simple contact, si ordinaire, si miraculeux en même temps. Le contact du premier baiser fait naitre en elle de nouvelles sensations, et quand, logée dans les bras de Saul, il l’attrape pour capturer ses lèvres, c’est une explosion en chaine qui fait écho dans tous son corps. Son esprit s’éparpille et elle ne profite que de l’instant présent. Elle se repaît de cette déclaration silencieuse de Saul, cette réponse qui panse toutes ses plaies, qui la guérit de ses angoisses. Quand enfin, il la laisse reprendre son souffle, le regard bleu d’Ester croise celui de Samira. Elle les observe, murmure quelque chose qu’Ester ne comprend pas dans un premier temps. L’angoisse commence à nouveau à poindre mais n’a pas vraiment le temps d’éclore quand Samira s’avance pour l’embrasser à son tour. Ester n’a pas vraiment eu le temps de reprendre son souffle. Avec passion, une envie puissante naissante, elle répond au baiser de Samira, mais ses mains sont-elles toujours emmêlées aux bras de Saul. Pour une fois, la serbe ne se laisse pas le temps de raisonner et écoute son instinct. Et celui-ci lui gueule de se coller plus à Samira, et Saul. Elle a fermé les yeux pour mieux profiter du moment. Dans sa poitrine, son cœur s’affole, et tout son corps palpite.

« J'ai envie que vous continuiez de vous embrasser. »

Ester observe un instant la femme qui lui fait face et un fin sourire se dessine sur son visage pour se transformer en un autre, plus lumineux. Une douce chaleur, familière, monte depuis son ventre jusqu’entre ses cuisses, sa poitrine, et quand elle relève le visage, elle cherche immédiatement les yeux de Saul. Elle les rencontre. Et elle se plie à l’invitation de Sam. Cette fois, c’est elle qui, maladroitement, attire l’homme vers elle. C’est un peu confus, dans un premier temps, et elle prend son temps pour trouver les lèvres, s’attarde ici et là. Son baiser est d’abord timide. Les démonstrations d’affections ne sont pas un domaine où elle excelle vraiment. Mais bientôt, la langue cherche la langue, et elle en veut plus. Et c’est sur le corps de Samira qu’elle va chercher ce qui lui manque. Les mains se perdent le long des hanches de la jeune femme, remontent sur une épaule, se perdent sur la poitrine. Et qu’importe l’inconfort de la position, Ester ne profite que ce la sensation de bien-être qui croît. Ils l’aiment. Ils s’aiment. C’est aussi simple et compliqué à la fois. Mais son esprit ne s’attarde pas bien longtemps sur cette pensée rassurante. Doucement, elle s’oblige à se séparer de Saul, et à reprendre son souffle. Ses pupilles rencontrent celles de Samira, et elle y devine la même lueur gourmande que celle qui doit briller dans ses yeux. L’une de ses mains va chercher le visage de Samira pour que ses doigts s’y perdent. Ester en veut plus. Bien plus. Elle veut sentir la peau de Sam contre la sienne, et les lèvres de Saul dans le même temps. Et si elle est accoutumée aux démonstrations d’affection entre l’homme et la femme, elle provoque tout de même la rencontre des deux autres en se déplaçant derrière Samira et en la poussant vers Saul. Ses doigts, eux, déboutonnent lentement la chemise de la jeune femme, et chaque parcelle de peau dénudée reçoit son lot de baiser. Ester s’amuse à provoquer les frissons et se plait à contempler les réactions de l’épiderme à chaque caresse de ses lippes ou du bout de ses doigts. Et bientôt, c’est trop peu. Son esprit s’invente des contes d’un tout autre genre, dans lesquels elle s’égare et qui guident bouche et mains sur le corps de Samira.
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Saul Weiss
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MessageSujet: Re: the evening of my best day   the evening of my best day EmptyVen 8 Juil - 16:27

Embrasser Ester, qui ne l'exigeait pas de lui et ne demandait sûrement rien de tel, semble audacieux une fois commis. Le sang de Saul est glacé par la certitude d'avoir accompli quelque chose de stupide. Ou d'absurde. Ou tout cela en même temps. La bouche contre la bouche, il se tend pour parer à la ruade de la jeune serbe. Il l'étreint mieux, comme d'espérer la dissuader. Il ne quitte jamais Samira des yeux, comme de craindre de la perdre. C'est aussi qu'il s'inquiète de ne pas savoir le faire. Ester et lui sont rarement proches, tactiles, ou alors pour se battre. Se raccrocher aux yeux de Sam, à demi voilés par le refuge que, môme, elle se fabrique, c'est s'assurer qu'il est capable, qu'il connait la manière et que ce n'est pas si dérangeant que ça le démange en-dedans. Ester qui lui rend son baiser, Saul se sent stupide, autant d'avoir agi que d'hésiter à continuer. Trébuchant dans ses tempes, il parachève maladroitement, comme d'ignorer ce qu'il se passe ensuite. Et, quand Samira se fait entendre, il est terrorisé par ce qu'il vient de déclencher.

Saul sait ce qu'il est censé ressentir lorsqu'un baiser confond Ester et Sam, ensemble. C'est plus confus qu'il le voudrait. C'est plus sale qu'il l'aimerait. Ce qui gît dans son ventre, c'est le malaise et il gagne de telles proportions que le nipper garde sa respiration pour lui. Suffoqué, il assiste aux lèvres pressées les unes contre les autres, et les peaux qui se cherchent, et les doigts qui se trouvent. Sidéré par le foutoir qui monte en incendie depuis ses viscères, Saul guigne l'attache qui va de l'une à l'autre et ceint leurs silhouettes emmêlées. S'ils coexistent dans un espace tellement réduit que la chaleur des corps augmente, elles sont deux plutôt qu'ils sont trois. Est-ce qu'elles le savent ? Est-ce qu'il le réalise ? Les secondes sont interminables quand elles sont dépensées à s'inspecter : on dirait qu'il cherche son pouls, l'ampleur de ses blessures, l'urgence de sa situation. Sans le forcer, elles forcent. Sans forcer, il se force. Et tant pis pour l'horreur grisante qui se répand de partout en cascade. Les volontés de Samira l'effraient. Le sourire – inhabituel, inattendu – d'Ester est pire encore. S'il était capable de bouger, de s'échapper, d'admettre très calmement qu'il ne veut pas être là... On ne dirait pas et, à vrai dire, il n'en sait rien. C'est peut-être du plaisir. C'est peut-être du dégoût. C'est certainement des deux. Certain de gâcher un espace-temps exceptionnel s'il se consulte plus loin les états intérieurs, il embrasse longuement Ester, puis Sam. Conduit par les mains pâles qui découvrent la peau d'ambre, Saul se persuade qu'il n'a pas le droit de baisser le regard. Il accroche les détails qui appartiennent à l'une, fait de même avec l'autre. Quelle sorte de jalousie le met en feu ? Quelle sorte d'inconfort l'étourdit ? Et quel orgueil ? Et quelle hypocrisie ? De sales scrupules lui font dire que ce n'est pas bien.

L'empressement et la frénésie des deux femmes lui font dire que c'est trop tard.

Les phalanges cerclent la nuque de Samira. Saul mord doucement dans la lèvre et sa main libre décline dans la gorge. En éloignant le plus possible de sa conscience la présence d'Ester dans le dos de Sam, il agit selon le mécanique et, partant de ce qu'il s'est déjà vu faire, il improvise difficilement. Longtemps à l'avance, il réfléchit à ce qui serait opportun, agréable, attendu. Et puis il faut agir, rendre les baisers, les caresses, les regards. Dissimuler son trouble accapare ses efforts et monopolise le devant de son esprit. Puisqu'elles en sont capables, c'est donc que c'est possible. Pourtant, ça semble si naturel pour elle que c'en est humiliant pour lui. Dans le fébrile des tissus froissés, il marque un temps. Il sait le faire. Il répète. Il sait le donner. L'aisance qu'il doit y mettre et le plaisir qu'il doit y prendre deviennent rapidement secondaires. Il biffe son âme affectée comme on se déshabille. « Embrasse-la. » Ce doit être un spectacle tolérable. Ça doit l'être. Ça le devra. Ça le sera.
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Samira Foxx
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MessageSujet: Re: the evening of my best day   the evening of my best day EmptyLun 12 Sep - 1:07

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Ester Jankovic
Ester Jankovic
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MessageSujet: Re: the evening of my best day   the evening of my best day EmptyMer 4 Jan - 22:43

Elle a fermé les yeux pour mieux savourer les lèvres de Samira contre sa peau, et ses mains qui la font frissonner. Elle a remarqué le trouble de Saul, mais ses sens affolés lui font bien vite oublier. « C'est comment quand vous faites l'amour ? S'il vous plaît, racontez-moi.  ».
Ester se fige et contemple Sam. Sa bouche s’ouvre, mais aucun son n’en sort. Son cœur bat encore dans ses tempes et sa gorge, et s’emballe de plus belle. Ce n’est plus vraiment l’excitation. C’est l’angoisse qui fait cogner son palpitant contre les côtes. Gênée, elle lance un regard désemparé à Saul. D’un coup, elle regrette ce qu’elle a provoqué, ça l’oblige à regarder de face certaines vérités qu’elle n’était pas prête, elle le découvre, à affronter. Saul et elle sont rarement intimes – beaucoup moins que Sam et lui peuvent l’être, Ester le sait. Font-ils l’amour, quand ils se dénudent, quand leurs bouches se rencontrent, qu’ils s’ôtent leurs vêtements, que leurs corps se rencontrent. Que dire de la violence, qui chaque fois se cache derrière leurs gestes. De la tendresse, qui parfois, timide, guide ces derniers ? Jamais elle n’y a pensé en ces termes. Ça la heurte plus qu’elle ne le voudrait. Plus qu’elle ne se l’imaginait. Ester peut fouiller sa mémoire, elle se remémore bien plus souvent Saul, les muscles tendus, le regard voilé de désarroi, la plaquant contre lui pour lui murmurer des mots doux, apaisants et réconfortants, et surtout luttant contre les gestes guerriers et les angoisses de la serbe. Aucun doute, cependant, concernant ces vives émotions qui les rattachent l’un à l’autre. Mais, ça ne ressemble pas ce qui le relie à Sam. Ni même à ce qu’elle partage avec Sam. Ester n’a aucun doute sur les sentiments qui les unissent. Pudique et farouche, Ester ne se dévoile pas. Jamais. Constamment, elle offre cette carapace dure, d’apparence inébranlable. Et quand une fêlure se dévoile, elle préfère encore plus se murer dans ses pensées que de parler. Les secondes filent et le temps s’égrènent. Quand enfin elle sort de sa torpeur, le mal est fait. Elle a gardé le silence bien trop longtemps pour que ni Sam ni Saul ne le remarquent. Alors, elle panique. Elle doit dire quoi ? Elle doit répondre ? Elle doit parler ? Confrontée à ses doutes, ses angoisses permanentes et ses peurs constantes, Ester hésite. Tout son corps et son instinct lui hurlent de courir se réfugier dans sa petite chambre, entre ces quatre murs réconfortant. Elle s’oblige à rester. A ne pas briser cet instant qu’elle a provoqué. Ce serait égoïste, n’est-ce pas ? Longtemps, la serbe lutte contre elle-même. Quand ses iris rencontrent à nouveau le visage de Saul, ils appellent à l’aide. Ester se mord les lèvres : elle gâche encore le moment, et elle s’en veut de trop penser, de ne pas savoir lâcher prise et se laisser aller. « C’est… elle commence timidement. C’est pas pareil. »
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