Sujet: (elijah) they were nothing, but spilled ink. Ven 18 Sep - 23:54
so let's not say goodbye this time
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i could aim, but i could not fire. got a bullet to spare to kill my desire. who's callin' the shots. one of us must make the peace to have or to have not. the fire has got to cease. i'm loaded, don't know where to point this thing. it's a sin, how we hit where it hurts. one of us must end this masquerade, to have or to have not, let's heal the wounds that we've made w/anya mercer & elijah rosenberg.
Ouais prendre l’air était une bonne idée. Même à cette heure-ci. La caféine pulsait déjà dans ses veines, tendant chaque fibre de son corps de cette habituelle nervosité qui faisait office d’énergie tous les jours de la semaine. Chez elle, il n’y avait que le silence. Et l’abattement. La culpabilité et le regret. Et les cartons qui s’amassaient aux quatre coins de sa petite maison ne faisaient que lui rappeler la hauteur de son échec. La profondeur de son imbécilité. La petite histoire de la pauvre Anya Mercer, trompée de A à Z, aussitôt avait-elle foutu son regard de princesse dans les yeux du premier mec venu. Quelles rumeurs pouvaient déjà tourner à son sujet ? Elle les fuyait, tout autant qu’elle s’en sustentait : elles alimentaient sa rage, sa volonté, l’adrénaline qui la rendait furieuse tigresse en soif de justice. Ou d’autre chose – Grant et son honneur pouvaient aller valser dans les sept cercles de l’Enfer, se répétait-elle bien souvent, l’orgueil remontant à ses lèvres pour rendre ses mots tranchants. Rancunière qu’elle était, incapable désormais de trouver le sommeil, tournant et retournant dans son lit, assaillie de ressentiments qu’elle aurait cru ne jamais ressentir. Non, elle n’était pas ce genre de fille qui se rendait malade pour un mec, elle était mieux que ça. Si seulement. Ses cernes ce matin, elle les avait masquées avec une couche de fond de teint, du blush rosé parfaitement apposé à ses joues. Sa coiffure impeccable, son tailleur parfaitement adapté à sa silhouette : difficile d’imaginer la décrépitude du personnage, ce que les apparences cachaient aisément, aux yeux de n’importe qui. La bête solitaire ne dévoilait son vrai visage que dans l’intimité de son chez elle, renversant un verre de vin rouge sur les chemises de son âme sœur comme si ça servait à quelque chose. Découpant les photos, comme si ça servait à quelque chose. Hurlant sa rage, comme si ça servait à quelque chose. C’était trop tard ; et elle avait simplement été cocufiée. Et son seul réconfort, à sept heures-et-demi du matin, sous un ciel gris – c’était cette douce odeur de café, planant dans l’air. Elle avait fait le détour, avant de s’arrêter au poste de police, embarquant deux cafés avec elle – comme une petite attention, qui suffirait à faire table rase du passé. Qui était censé plus haïr l’autre ? La meilleure amie, se pointant de nulle part pour sortir l’alcoolo des bas-fonds d’une cellule de dégrisement ? Ou le meilleur ami, plaqué sans explication aucune – si ce n’est une vague d’insultes – qui avait eu raison depuis le début ? Pff, et puis quoi encore ! Elle n’était certainement pas venue ici mue par la culpabilité, ou un besoin de présenter des excuses en bonne et due forme. Etait-ce la nervosité, ou l’agacement qui lui dévorait les entrailles ? Tout ce qu’elle savait, c’était que tapoter du bout des doigts sur le comptoir l’aidait à expulser ce quelque chose en trop – non pas de l’énergie, mais ce putain de mal qui lui bouffait les entrailles depuis trop longtemps déjà. Elle avait un tueur sur les bras, les cartons de son petit-ami pas si fidèle au milieu de son salon, son meilleur ami coincé dans une cellule de prison ; trop pour une seule personne, trop pour quelques jours à peine. Trop de mésaventures, s’alignant les unes après les autres, elle allait finir par en crever. Littéralement.
S’échapper de tout ça n’était pas une option : désormais, la Mercer avait le sentiment que tout ce qu’elle pouvait faire, c’était se noyer. La clarté n’était qu’éphémère, lui apparaissant dans ces instants de solitude, loin de chez elle, loin des autres. Juste là, sur la tombe de son oncle : elle n’aurait jamais cru que les principes dictés par l’homme qui l’avait éduquée pouvaient revenir aussi souvent dans sa tête – c’était pourtant le cas, son seul réconfort de ces derniers jours. Quelle nostalgie pitoyable. Le passé était pourtant tout ce qui lui restait, désormais que son présent était réduit en cendres : pas même une histoire d’amour à chérir, ni une construction quelle qu’elle soit, si ce n’est son succès professionnel. Tout ce qui comptait, dirait-on volontiers, à la voir, si propre sur elle, si prompte à enchainer sur des heures de boulot. Epuisantes, pourtant – ils étaient aussi prêts d’attraper le tueur au Puzzle que d’être élus le système judiciaire de l’année : et pour certains, cet échec ne reposait que sur les épaules du bureau du procureur. Les flics disaient qu’ils n’avaient pas assez de moyens, les officiels hurlaient au scandale, parce qu’il n’y avait aucune vraie piste : et au milieu de tout ça, Anya ne servait qu’à recueillir les plaintes, d’un côté comme de l’autre. C’en était trop : comme si elle avait résisté devant une assiette de sucreries, la rousse relâcha enfin ses épaules, ses doigts s’enroulant vers l’un des cafés qu’elle avait achetés. Et une longue gorgée plus tard, elle sentait presque le nœud au creux de sa gorge se défaire un peu : combien de temps allait-elle attendre, bordel ?! Elle était procureur après tout ! A peine cette contestation ayant trouvé le chemin jusqu’au bord de ses lèvres, que deux silhouettes apparurent. Celle du flic auquel elle avait adressé quelques politesses, lui glissant sa carte professionnelle ainsi qu’un ordre du bureau pour aller cueillir Elijah Rosenberg du fond de sa cellule de dégrisement. Et dire que lui, il avait des gosses : qu’étaient-ils devenus cette nuit, sans leur père pour veiller sur eux ? La jeune femme tentait de ne pas s’attarder là-dessus – malgré tout l’attachement qu’elle vouait encore à la famille de son meilleur ami, il y avait des questions risquées qu’elle n’était pas prête de poser à haute voix. A dévisager son ami de toujours, Anya sentit une pointe de honte venir lui piquer les joues : cette gêne qui ne se manifesterait qu’ainsi, en petites touches discrètes, un regard fuyant, avant qu’elle ne reprenne fierté. Intouchable, ou presque : non pas de la porcelaine se fracturant à la moindre erreur ; un acier, résistant à presque tout, si ce n’est les flammes d’une colère inattendue à son égard. Elijah avait sans doute toutes les raisons du monde de la détester. Elle le détesterait, lui, si les rôles étaient inversés. Egoïstement, pourtant, elle espérait que ce simple petit geste allait tout inverser. Rien n’était jamais aussi simple, et il était rare que la rousse vive avec tant d’illusions. « Vous pouvez le laisser partir. Aucune charge ne sera retenue. » adressa-t-elle au policier qui semblait avoir passé une nuit épuisante – presque comme elle, presque comme Elijah, qui se tapait des cernes à l’image de celles d’un cadavre. Il était plus facile, de parler à une tierce personne dans cette conversation, que de même attarder une œillade en direction de l’homme qu’elle venait de sortir d’une dure épreuve – si elle n’avait pas encore eu une simili-dignité quelque part en elle, elle aurait supplié le pauvre type de rester. Si seulement.
« C’est pour toi. » gage de paix, elle poussa le café restant dans la direction d’Elijah – il en avait bien besoin, bon dieu. Et si elle n’avait pas été aussi mielleuse, prenant soin de ne pas commettre le moindre faux pas, elle le lui aurait fait remarquer, avec une petite pointe de sarcasme. Le bon vieux temps semblait étrangement loin – elle avait elle-même creusé un affreux fossé entre autrefois et aujourd’hui : quelle conne. « T’as eu une visite médicale, au moins ? » les réflexes d’avocate, de procureur lui venaient plus aisément que celle qu’elle était ; Anya, techniquement meilleure amie d’Elijah le poivrot. Celle qui lui aurait peut-être balancé une gifle pour avoir réduit à néant le panneau directionnel au coin de la rue : tout ce qu’elle trouvait à faire, désormais, c’était se trifouiller les doigts, mains crispées, palpitant capricieux. « Peu importe. Tu seras pas poursuivi, de toute manière. Je-j’ai payé, pour les réparations. » et encore un bon point dans la case rédemption. Si seulement. « T’as tué ta voiture, par contre. » une vaine tentative de renouer avec quelque chose : mais déjà, elle avait le regard fuyant, optant pour prendre la pochette plastique à côté d’elle, sur le comptoir, pour elle aussi, la faire glisser vers son interlocuteur. « Y’a toutes tes affaires, normalement. » on aurait presque pu la prendre pour une imbécile, douce et gentille, compatissante vis-à-vis de celui qui multipliait les conneries. En un autre temps, elle aurait embarqué ça sous le bras, laissant Elijah quitter le poste de police au pas de course, derrière elle, sans ses lacets et sans sa ceinture – ces fameuses mesures de précaution anti-suicide. Il n’était pas suicidaire – juste un gros blaireau qui se noyait dans son chagrin. Comme elle, malgré les apparences. Ils étaient pathétiques, indéniablement faits l’un pour l’autre : ils le savaient – l’avaient su, une nuit durant. Une nuit coupable, qui avait tout fait dérailler.
Elijah Rosenberg admin ○ nightcall
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Sujet: Re: (elijah) they were nothing, but spilled ink. Sam 19 Sep - 20:23
everything that matters breaks in two.
— anya mercer & elijah rosenberg —
Do you remember when we didn't care, We were just two kids that took the moment when it was there. Do you remember you at all, Another heart calls. Yeah I remember when we stole the night, We'd lie awake but dreaming 'til the sun would wash the sky. Just as soon as I see you But didn't I, but didn't I tell you. As deep as I need you, You wanna leave it all. — another heart calls.
Assis par terre, la tête appuyée contre les barreaux de la cellule, Elijah avait une forte envie de se frapper la tête contre les barreaux. Il voulait sortir de là. Il n’avait rien fait qui mérite de le foutre dans une putain de cellule avec des mecs qui avaient clairement l’air encore moins nets que lui. Il avait foncé dans un panneau avec sa voiture, mais il n’y avait pas mort d’homme. Pourquoi est-ce qu’il avait prit sa voiture déjà ? Il ne se souvenait même plus et de toute façon, ça n’avait pas d’importance. Il était sûrement allé au bar après le boulot et en voulant rentrer chez lui, il s’était mangé un panneau. Quel imbécile. Jillian n’était pas venue. Il l’avait appelée pourtant, il l’avait réveillée un peu tard, elle avait râlé, elle lui avait dit de se débrouiller tout seul, qu’elle devait déjà s’occuper de Samuel, ce qui aurait dû être son rôle à lui en tant que père. Puis elle avait raccroché. Pourvu qu’elle n’ait pas eue l’idée stupide d’appeler Fred. Fred allait l’étrangler si elle apprenait qu’il avait passé la nuit en cellule de dégrisement. Malheureusement même sans l’intervention de Jillian, elle finirait par le savoir. Elle savait toujours tout et elle était toujours prête à lui bondir dessus pour lui rappeler à quel point il était con. Nom de dieu, il le savait qu’il était con. Il ne savait mieux que personne et passer la nuit dans cette cage, ça lui faisait clairement comprendre qu’il avait d’admettre haut et fort qu’il était con. Il avait essayé de convaincre le flic de le laisser sortir, mais rien à faire. Ce trou du cul était décidé à le laisser pourrir toute la nuit ici, avec des mecs qui lui faisaient presque peur. Y en avait un qui avait gerbé dans un coin de la cellule, un autre qui semblait avoir du mal à garder son pantalon sur le cul. Sérieusement, qu’est-ce qu’il foutait là ? La même chose que les autres, il avait trop bu, il avait fait une connerie et on l’avait attrapé. Merde. Il était vraiment mieux quand il picolait chez lui. Là-bas, y avait bien Jillian pour lui gueuler dessus, mais au moins, ça puait pas le vomi et il n’avait pas à détourner le regard à chaque fois que l’autre exhibitionniste descendait son futal. Merde, cette cellule c’était l’enfer. Il était resté dans son coin, il avait décuvé à son rythme, luttant pour ne pas s’endormir, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver si par malheur il s’endormait là-dedans. Entre l’accident, la visite médicale, les explications des flics, son coup de téléphone à Jillian, il s’était passé tellement de temps, qu’il avait de toute façon déjà bien commencé à décuver. Il avait du mal à lutter contre le sommeil qui s’imposait à lui, mais chaque fois que ses paupières commençaient à se fermer, il pensait aux autres timbrés de la cellule et il n’était pas question qu’il se réveille recouvert de pisse. Il était tombé bien pas, il avait de nombreux défauts, mais il était hors de question qu’on lui pisse dessus. Il voulait sortir de là, mais malheureusement pour lui, l’heure passait et personne ne venait à son secours. Il était épuisé, il voulait pioncer et il avait fini par s’endormir, recroquevillé dans un coin de la cellule, la tête contre les barreaux, il avait fini par s’endormir. Une heure, deux heures. Trois Tout au plus. Il n’en savait rien. Il s’était réveillé sans odeur de pisse sur lui, c’était pas mal on va dire, ça aurait pu être pire, mais là, il voulait vraiment rentrer chez lui.
Il fronça les sourcils après avoir entendu une voix familière. Celle d’Anya. Il l’aurait reconnue entre mille. Il la connaissait depuis longtemps et puis elle avait été sa meilleure amie. Il l’avait entendue tellement de fois au cours de sa vie cette voix, qu’il ne pouvait que la reconnaitre. Cela dit, il aurait presque pu l’oublier récemment, comme il ne l’avait pas entendue depuis un moment. Elle avait choisi qu’ils ne devaient plus se voir, parce qu’ils avaient couché ensemble alors qu’elle était mariée et qu’elle avait un petit ami tellement parfait qu’évidemment, le tromper c’était la pire chose au monde. Il ne partageait pas cet avis, il n’avait jamais pu le sentir ce mec. Peut-être qu’il avait été jaloux, parce que cette nuit là avec Anya, ça avait été la première fois qu’il avait vraiment oublié son épouse et ce sans avoir besoin d’alcool. Il y avait eu quelque chose, une étincelle qui lui avait permit d’entrevoir la possibilité de pouvoir passer à autre chose. Mais elle avait éteint le feu sans lui laisser le temps de se propager. Elle avait décidé qu’ils ne devaient plus se voir. Maintenant, d’après ce qu’il avait entendu, son petit ami était mort. Assassiné par le célèbre tueur du puzzle. C’était bien qu’il avait dû faire quelque chose de mal, semblait bien que ce mec se prenait pour un justicier qui nettoyait les rues de la ville. Alors son petit ami, il n’était peut-être pas si parfait que ça. Qu’importait ce qu’il avait pu faire. Anya ne lui avait pas dit de toute façon. Elle ne lui parlait plus et il avait cru comprendre qu’elle voulait le rayer de sa vie. Qu’est-ce qu’elle faisait là alors ? Il ne tarderait pas à le savoir, mais, dès lors qu’on ouvrit la cellule en prononçant son nom, il se précipita vers la sortie en oubliant le reste. Le voilà enfin sortit de cette cellule. Sans doute grâce à Anya. Il attrapa le café qu’elle lui tendit pour avaler ce qui restait dans a tasse rapidement, du café, il avait ben besoin de ça. Il aurait pu en boire un litre entier en cet instant, pour essayer d’effacer les traces de fatigues qui devaient barrer son visage et qu’il ressentait dans chacun de ses muscles. « Merci. » Prononça-t-il après avoir terminé le café. Il balança le gobelet dans la première poubelle qu’il croisa sur son chemin. « Oui, oui, je vais bien. » Physiquement en tout cas. Pour ce qui était du moral, c’était une autre histoire sur laquelle il n’avait pas envie de s’attarder que ce soit avec Anya ou avec n’importe qui d’autre. Il écouta ce qu’elle avait à dire, sur les réparations qu’elle avait payées, sur sa voiture qui était morte. Il ne répondit pas se concentrant sur les affaires qu’elle venait de faire glisser vers lui. Il remit rapidement sa ceinture autour de sa taille avant de mettre son portefeuille dans la poche de sa veste et son portable dans la poche de son jean. Maintenant, il allait falloir qu’il remette ses lacets, le truc bien reloud quoi. Comme s’il allait se pendre avec dans une cellule. Puis il récupéra ses plaques de l’armée, peut-être qu’il aurait pu s’étrangler avec ça aussi selon les flics de la ville, puis sa montre, probablement l’objet le plus dangereux du monde ; et le bracelet de perle fait pas son fils y avait déjà plusieurs années, aussi une arme dangereuse. Et enfin, son alliance, qu’il glissa lentement à son doigt. Il ne supportait pas de s’en défaire, pourtant, son épouse était morte. Ses lacets entre les doigts, c’était bon, il avait tout récupéré maintenant. « Pourquoi t’as fais ça ? J’aurais pu payer tout seul. Je suis assez grand pour gérer mes conneries. » Il l’était, même si on pouvait en douter en le voyant au premier coup d’œil. Il n’avait pas besoin du pognon d’Anya. Il se laissa tomber sur une chaise, retira sa chaussure pour commencer à remettre les lacets d’une main légèrement tremblante, l’alcool n’était jamais bon pour le corps. Il resta concentré seulement quelques secondes sur ce qu’il faisait avant de relever les yeux vers la rouquine. « Puis, pourquoi tu m’aides de toute façon ? Je croyais qu’on était plus amis. » C’était ce qu’elle avait voulu non ? S’il fallait qu’il soit devenu un inconnu pour elle, elle n’avait aucune raison de l’aider. Elle avait été claire la dernière fois, elle ne voulait même plus le voir, alors pourquoi est-ce qu’elle était là ? Il était bien content de sortir de cette cage, mais sa rancœur n’allait pas laisser Anya s’en tirer si facilement.
Anya Mercer kill of the night
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Sujet: Re: (elijah) they were nothing, but spilled ink. Dim 27 Sep - 1:13
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i could aim, but i could not fire. got a bullet to spare to kill my desire. who's callin' the shots. one of us must make the peace to have or to have not. the fire has got to cease. i'm loaded, don't know where to point this thing. it's a sin, how we hit where it hurts. one of us must end this masquerade, to have or to have not, let's heal the wounds that we've made w/anya mercer & elijah rosenberg.
Anya Mercer était la fille la plus pathétique de l’univers. Il lui était impossible de voir les choses autrement – de les penser autrement – alors qu’elle faisait un bilan sur sa vie. Célibataire, riche certes mais sans famille, sans amis, sans repère, condamnée à passer ses soirs de week-end désespérément seule. C’qu’elle avait achevé de bien, c’était sa carrière : celle-là même qui coulerait comme un sous-marin prenant l’eau aussitôt que le tueur au Puzzle se manifesterait à nouveau pour faire des victimes. C’n’était pas faute de vouloir le coincer, avec toute la conviction bouillonnante possible et imaginable – ce connard avait tué Grant, après tout. Pas de quoi pleurer sur son sort, diraient certains, qui n’se doutaient pas d’à quel point Anya Mercer, rousse de son état, procureur impitoyable, était pathétique. Pathétique dans sa vie de couple, accrochée au fantôme d’un homme qui n’avait jamais eu d’égard pour elle, pourchassée par la culpabilité de l’avoir trompé, alors que lui… lui… Pfff, à quoi bon, hein ?! Elle n’avait pas b’soin de ça, du jugement de son meilleur ami (ancien meilleur ami) criant dans le silence tendu de leurs retrouvailles. Du sale caractère d’un Elijah qui la jugeait de A à Z, et émettait dans tous les recoins de ses pensées, des sentences desquelles elle serait incapable de se défendre. Parce que nan, il ne disait pas les choses franchement lui. Mais aussi parce qu’elle n’avait aucune excuse : elle s’en rendait compte aujourd’hui – peut-être. Elle avait balancé aux oubliettes son amitié de toujours avec Elijah, envahie et dévorée par une culpabilité qu’elle ne pouvait pas regretter. Mais tout ça pourquoi ? Elle n’était pas c’genre de personne, à poignarder les autres dans le dos – trop honnête, trop droite, ou baignant depuis trop longtemps dans le monde de la justice la plus impartiale qui soit. Depuis bien des années déjà, elle n’était plus une menteuse (plus une bonne menteuse du moins) et au final, quoiqu’il ait fait, quoiqu’il ait pensé d’elle, que serait-elle devenue si elle avait accepté de vivre avec l’adultère qui pesait sur sa conscience ?! Coincée – elle avait été coincée dès l’instant où elle s’était abandonnée dans les bras d’Elijah, emportée par elle ne savait plus quelle connerie ; et elle ne pouvait s’empêcher de s’dire qu’elle avait fait avec ce qu’elle avait, de la meilleure manière qui soit. Ou presque. C’était une toute autre culpabilité, mordant sa chair et la faisant tourner en bourrique, qui la prenait aux tripes maintenant qu’elle se retrouvait face à Elijah. Qu’elle le ramassait, au fin fond d’une prison parce qu’il avait trop picolé, et qu’elle l’avait volontiers laissé se noyer là-dedans ! Qu’aurait-elle pu faire d’autre, hein ?! Continuer d’le ramasser au détour d’un bar au beau milieu de la nuit, d’affronter son sarcasme d’homme bourré, ou même de plonger avec lui ?! Avait-elle vraiment été la salope des deux, en décidant de s’sortir du cercle vicieux d’habitudes dans lequel son amitié avec Elijah l’avait emportée ? Pourrie, pas pourrie ; détestable, ou simplement légitime : Anya n’savait plus où elle était, dans l’échelle de la morale. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle était là, à l’aube d’une énième journée à problèmes, à devoir commencer sa galère hebdomadaire de la pire manière qui soit.
Etait-elle alors simplement conciliante, ou culpabilisée de la tête aux pieds, muette face à un Elijah qui remettait lentement mais sûrement sur lui, chaque objet qu’on lui avait subtilisé lors de son entrée en cellule de dégrisement ? L’habituelle bavarde et exubérante Anya, se contentait ici de tapoter distraitement du bout des doigts sur le comptoir, tâchant de ne pas trop attarder des regards hagards sur ce que son vis-à-vis faisait. Le voir remettre sa montre, ça allait. De même pour les bracelets confectionnés par son fils, ou même sa ceinture. Mais ce à quoi il tenait le plus, c’était presque ce qu’elle détestait le plus, sans en avoir le droit et sans être prête à le reconnaître. Tout ce qu’elle trouva à faire, au moment où le Rosenberg passa son alliance au doigt, fut de détourner le regard, plongeant ses lèvres dans le café presque froid qu’elle avait ramené avec elle. Foutu temps, foutu café du coin qui ne savait pas lui offrir un bon remontant bien chaud, à même de la motiver pour le reste de la journée. L’amertume dans chaque recoin de sa bouche, mais tentant tant bien que mal de faire bonne impression, Anya prenait sur elle. Prenait sur elle. Qui était-elle, après tout, pour le blâmer de se raccrocher à l’alliance qui marquait son amour infini pour une autre femme, hein ?! Bon dieu, pourquoi avait-elle fallu qu’elle vienne jusqu’ici ? Avec tout le boulot qu’elle se tapait de manière quotidienne, elle aurait pourtant eu tous les prétextes possibles et imaginables pour envoyer quelqu’un d’autre, ou simplement laisser Elijah croupir dans cette cellule : c’n’était pas la pire chose qui pouvait lui arriver. Si ça se trouve, quelques heures de plus auraient suffi à lui remettre les pendules à l’heure. Quoique. Au moins, les premiers vrais mots lâchés par son ancien ami, rappelèrent à Anya ces vieux réflexes professionnels qui ne la quittaient que très rarement : sac perché sur son épaule, café entre les doigts, elle offrit à Elijah le sourire qu’elle aurait offert à un client qui serait venu frapper à la porte de son bureau. Poli, et circonspect. Pourvu qu’ils puissent conserver les apparences un peu plus longtemps. « Si tu avais quitté cette cellule sans avoir les moyens de payer les réparations immédiatement, tu aurais été poursuivi en justice. Et je parie que tu n’avais pas trois mille cinq-cents dollars sous la main. » eh ouais, ça coûtait cher de réparer les rues de la ville que les petits alcoolos du coin s’amusaient à détruire. L’Elijah d’un autre temps l’aurait su, lui, et l’aurait pris en compte. Mais cet homme-là, ce meilleur ami pour qui elle aurait renoncé à tout, était profondément enterré sous une couche de rancœur et de sale caractère. Qui pourrait la blâmer de s’être si profondément et stupidement perdue dans sa relation avec Grant, à côté de ça, hein ?! La bonne humeur d’Elijah, son amabilité née de toutes les catastrophes de sa vie, elle se la prit en pleine poire, aussitôt qu’il ouvrit la bouche à nouveau. Pourtant, ni sourire ni réflexe professionnel ne vinrent la sauver cette fois-ci : simplement un horrible poids, s’imposant sur ses entrailles – et ses doigts, se resserrant nerveusement autour de sa tasse en carton.
Et pour sauver les apparences, tout ce qu’elle trouva à faire, c’est d’afficher un air insensible, presque froid, face aux poignards lancés par les paroles de son ami. Elle inspecta la montre à son poignet, se tournant vivement vers Elijah. « Tu devrais te dépêcher. C’est bientôt l’heure pour les CP de rentrer dans leur classe. » oui, comparer leur dernière rixe à des histoires de cour de récré, c’était la seule chose intelligente qu’elle avait trouvée. Pas de quoi fouetter un chat, sans doute ; elle était vraiment loin, cette Anya qui n’se laissait pas marcher sur les pieds, et savait sauver les apparences en toutes circonstances. Loin, enterrée sous le chagrin, le regret et la culpabilité. Ils n’étaient pas si différents – mais le fameux meilleur ami était si aveuglé par ses propres sentiments qu’il semblait persuadé que tous les autres autour de lui n’en avaient pas. Et que ça n’valait pas la peine de se pencher là-dessus : autant se préoccuper de c’qu’on allait mettre dans son verre ensuite, n’est-ce pas ?! « Mais tu as raison, j’aurais probablement dû appeler Jillian pour l’informer d’où tu étais. Est-c’que j’aurais eu le droit de lui donner le numéro d’un avocat à appeler pour te sortir de là, ou j’aurais dû la laisser se débrouiller toute seule ?! » il attaquait, elle n’pouvait s’empêcher de riposter : c’était donc ça, tout ce qu’il avait retenu de leur dernière entrevue ? Que bouh bouh il était la victime de cette histoire ?! Avait-il seulement pensé à ses deux enfants, seuls toute la nuit, alors qu’il avait été là, en train de moisir sur le sol crasseux d’une cellule de prison ?! Et pourtant, elle était si habituée à se fustiger, à s’faire marcher sur les pieds par ses propres remords, que tout ce qu’elle trouva à faire ensuite, c’est croiser les bras. Croiser les bras pour retenir les mots j’suis désolée au fond de sa gorge : et puis quoi encore, hein ?! « Que tu l’crois ou non, le monde gravite pas autour de toi, Elijah ! Y’a pas que toi qui as des problèmes quand tu agis comme ça, mais ouais, c’est toujours mieux de te lamenter sur c’que la méchante Anya a dit. T’es désespérant, peut-être que t’aurais des choses à apprendre des CP ! » elle soupira, regrettant déjà ses paroles ; tout ce qu’elle pouvait faire pourtant, c’était signer négativement de la tête, essayer d’apaiser son propre chagrin, sa propre rancœur brûlant dans ses entrailles. Il croyait que c’était facile pour elle, peut-être ?! Qu’elle n’avait pas envie de lui parler de Grant ?! N’avait-elle pas supporté ses problèmes à lui pendant des années, à l’écouter parler de sa femme, encore et encore, la femme de sa vie, celle qui ne trouvera jamais de remplaçante ?! Celle dont la mort lui causait tant de peine qu’il en était là ?! Et c’était elle qu’il détestait ?! Les rôles étaient inversés ; elle savait qu’elle devrait le détester, qu’elle aurait dû le détester depuis longtemps déjà ; mais malgré tout ce qu’elle avait dit, tout ce qu’elle prétendait, ça n’avait pas été le cas. C’n’était toujours pas le cas. Et ouais, c’n’était pas pour Jillian ou pour son frère qu’elle se retrouvait là. C’était pour lui, parce qu’elle était vraiment, vraiment pathétique.
Elijah Rosenberg admin ○ nightcall
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Sujet: Re: (elijah) they were nothing, but spilled ink. Lun 28 Sep - 16:53
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— anya mercer & elijah rosenberg —
Do you remember when we didn't care, We were just two kids that took the moment when it was there. Do you remember you at all, Another heart calls. Yeah I remember when we stole the night, We'd lie awake but dreaming 'til the sun would wash the sky. Just as soon as I see you But didn't I, but didn't I tell you. As deep as I need you, You wanna leave it all. — another heart calls.
Avec Anya, Elijah avait presque réussi à entrevoir la lumière au fond du tunnel. Il avait été parfaitement sobre le jour où ils avaient partagé une nuit ensemble et au petit patin, il n’avait pas senti l’envie complètement folle de commencer la journée avec un verre de whisky. Avec elle, il avait pu s’imaginer capable d’enterrer son passé et de passer à autre chose. Parce que ça avait du sens. Anya et Elijah, Elijah et Anya, c’était presque une évidence dans le fond. Il la connaissait depuis des années, elle avait été cette fille avec qui il avait tant en commun quand il était plus jeune et qui avait changé en même temps que lui. Elle avait été sa meilleure amie et finir sa vie avec sa meilleure amie, ça semblait être une bonne chose. Mais elle s’était empressée de venir écraser cette vision floue d’avenir qu’il arrivait à apercevoir. Elle, aimait un autre homme, même si c’était un pourri, alors elle avait choisi de le laisser tomber lui, l’homme qu’elle connaissait depuis plus de dix ans, pour un pauvre gars qu’elle avait rencontré quelque temps plus tôt. Elle avait choisi ce type qui lui briserait le cœur à un moment où à un autre, à la place de son meilleur ami. C’était idiot. Ridicule même d’après lui. Mais qu’est qu’il y pouvait lui ? Elle avait fait son choix, alors il avait laissé tomber. Il n’avait pas la force de se battre de toute façon. Anya n’était qu’une chose de plus qu’il avait perdu au cours de cette période de merde qu’il était en train de traverser. Il était vraiment mieux dans un coin d’un bar à se bourrer la gueule plutôt que d’essayer de mettre les choses au clair. C’était plus simple et puisqu’il avait choisi la simplicité, autant aller jusqu’au bout. Au moins, l’alcool ça lui permettait d’oublier toute la merde qui s’acharnait à lui tomber au coin du nez et puis ça lui évitait aussi les cauchemars avec lesquels il était revenu de la guerre. Vu comme ça, il n’y avait que des avantages aux nombreuses cuites qu’il se prenait. Il ne pensait pas à sa santé qu’il foutait en l’air à chaque verre, à quoi bon ? Il n’avait pas besoin de ça pour morfler, il avait déjà sa jambe qui lui faisait un mal de chien au quotidien, cette jambe qui n’irait jamais mieux et à cause de laquelle il ne retrouverait jamais son poste dans l’armée. Il ne pensait pas non plus à ses enfants ou au reste de sa famille, parce qu’il était égoïste et trop brisé pour se rendre compte des erreurs qu’il faisait. Les choses auraient pu être différentes, il le savait bien. Mais remuer le passé, ça ne servait à rien, alors il préférait boire jusqu’à en oublier tout ce qui pouvait le faire chier, mais aussi tout le reste. Toutes les belles choses de sa vie, parce qu’il y en avait aussi, il finissait aussi par les oublier, au fond de quelques verres et d’un panneau de circulation dans lequel il était rentré. Un accident débile qui lui avait valu de passer sa nuit dans une cellule puante au commissariat et remercier Anya pour l’avoir sorti de là, c’était plus compliqué que ça en avait l’air. Il s’en serait sorti même sans elle. Il n’avait pas besoin d’elle pour sortir de ce trou ou pour payer à sa place les réparations pour ses conneries. Il n’avait pas besoin d’elle pour rien du tout, puisqu’elle avait décidé qu’il ne valait pas, mieux pour elle que l’inconnu du bout de la rue.
Au moins, il avait récupérer ses affaires, il pouvait partir maintenant. Si seulement ça avait été aussi simple. Partir sans un mot, rentrer chez lui pour s’occuper de sa pathétique petite vie, pendant qu’Anya pourrait tranquillement reprendre la sienne. Ça aurait été tellement mieux, mais ce n’était pas son genre à lui de simplement se casser en oubliant tout ce qu’il pouvait avoir sur le cœur. Il n’était jamais allé retrouver Anya pour lui dire que la décision qu’elle avait prise, elle était complètement débile. Il s’était écrasé, la laissant avec son pseudo bonheur et même quand les nouvelles étaient tombées, quand le vrai visage de son type avait été montré au grand jour, il avait fermé sa gueule, réprimant l’envie de lui dire qu’il avait eu raison. Mais maintenant qu’elle était là en face de lui, il n’allait plus pouvoir retenir grand-chose. Non, il n’avait pas trois mille cinq cent dollars dans sa poche pour payer les frais de réparation, sans doute qu’il n’y avait qu’elle pour pouvoir dépenser trois mille cinq cent dollars comme lui il en dépenserait cinq. Mais il en voulait pas de son aide. Il se serait débrouillé sans elle, qu’elle le veuille ou non. « Je les avais peut-être pas dans ma poche, mais j’aurais pu les trouver. Je les trouverais et je t’enverrais un chèque. » Mine de rien, la pension qu’il avait touché après avoir été remercié par l’armée américaine, c’était une somme assez conséquente et puis il avait un boulot, certes pourris, mais à chaque fin de mois il touchait de l’argent, alors il les paierait les trois mille cinq cent dollars. Sa réplique lui fit lever les yeux au ciel. C’était elle qui lui reprochait d’être un gamin alors qu’elle était celle qui avait décidé qu’elle ne lui parlait plus à présent. C’était facile de faire passer les autres pour des cons pour ne pas avoir à assumer le poids de ses conneries. Evidemment que c’était lui le gros débile, parce qu’elle, elle était parfaite, comme d’habitude, mais lui, c’était juste l’alcoolique du coin, alors forcément, c’était lui qui devait avoir tous les torts. « T’inquiète pas pour ça, Jillian sait déjà très bien où je suis et si t’étais pas venue elle aurait envoyé ma sœur, alors pas la peine de tirer cette carte là. » Jillian, ça avait été la première qu’il avait appelé pour le sortir de là et elle aurait simplement appelé Fred au lieu de venir en personne s’en occuper. Qu’est-ce qu’elle voulait ? Qu’il se rende compte qu’il était le père le plus pitoyable du monde ? Il n’avait pas besoin d’elle pour ça, il en avait parfaitement conscience. Il s’activa à remettre ses lacets à ses chaussures, comme ça il pourrait plus facilement se barrer en vitesse de se commissariat pourris. Mais, ses mains tremblotantes à cause des effets de l’alcool à long terme, ça ne l’aidait pas des masses à se dépêcher. Mais il allait s’en sortir. « P’t’être que tu devrais m’accompagner en classe alors. Parce que crois-moi mon fils de dix ans à une conception de l’amitié qui est déjà bien meilleure que la tienne. » Et une conception de la vie qui valait mieux que la sienne à lui. Il le savait très bien. Il était clair qu’ils avaient tous les deux à apprendre des plus jeunes. Mais pour le coup, c’était elle qui avait tout foutu en l’air entre eux deux, pas lui. Il assumait ses propres erreurs, c’était déjà assez bien, pas question d’endosser celles des autres. Il enfila enfin sa première chaussure dont les lacets étaient enfin remis avant de s’attaquer à la deuxième. S’il devait y avoir une prochaine fois, il leur filerait directement les chaussures, pas seulement les lacets, tant pis s’il devait passer la nuit en chaussette dans leur cellule pourrie. « Oh et toutes mes condoléances au fait. » Il ne releva pas la tête vers elle, trop occupé à s’occuper de ces putains de lacets qu’il avait bien envie de balancer par la fenêtre. « J’hésite entre dire que j’avais raison ou que je compatis parce que j’sais ce que ça fait de perdre quelqu’un qu’on aime. » Il savait bien malheureusement, parce qu’il avait perdu sa femme dans cet ouragan de merde, mais aussi parce qu’il avait vu des amis mourir au combat, il était rodé dans le domaine. Il releva finalement les yeux vers la rouquine. « Je peux pas choisir entre les deux, parce que je les pense vraiment. Je suis vraiment désolé pour toi, mais j’avais quand même raison. » L’un n’empêchait pas l’autre de toute évidence. Elle l’aimait alors ça craignait, mais en attendant, elle avait fichu dix ans et quelques d’amitié pour un connard. Il laissa échapper un soupire avant de rebaisser les yeux vers sa chaussure et terminer d’enfiler les lacets. Maintenant, il restait plus qu’à l’enfiler et à se barrer d’ici, mais il n’avait même pas envie d’essayer de soulever sa jambe, sachant trop bien que la douleur allait revenir au galop, vu qu’il avait passé la nuit assis dans une cellule pourrie, sans médocs pour la douleur, il savait trop bien comment ça allait se passer et il préférait retarder l’échéance et ce même s’il avait une envie folle de se barrer d’ici au plus vite.
Anya Mercer kill of the night
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Sujet: Re: (elijah) they were nothing, but spilled ink. Mar 13 Oct - 12:01
so let's not say goodbye this time
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i could aim, but i could not fire. got a bullet to spare to kill my desire. who's callin' the shots. one of us must make the peace to have or to have not. the fire has got to cease. i'm loaded, don't know where to point this thing. it's a sin, how we hit where it hurts. one of us must end this masquerade, to have or to have not, let's heal the wounds that we've made w/anya mercer & elijah rosenberg.
Le passé, immuable et inatteignable passé. Il n’était plus qu’amertume désormais, souvenirs du bon vieux temps qui tournaient inlassablement à l’esprit d’Anya : elle repensait trop souvent à son oncle, se demandant ce qu’il penserait de ce qu’elle était devenue, de comment elle faisait telle ou telle chose. Elle ne pourrait jamais vraiment savoir – mais elle avait la conviction au fond d’elle qu’il n’avait jamais perdu espoir en elle, qu’il n’avait jamais lâché l’affaire ; et qu’il ne serait presque pas surpris de la voir du bon côté des barreaux d’une prison, cette fois-ci. Il n’était plus là, c’était la seule évidence qu’elle pouvait retenir – la vérité criante qui se jetait en plein dans son visage au quotidien. Elle était seule, désespérément seule depuis des années : et quand bien même Elijah n’était pas prêt à l’accepter, à l’entendre ou même à y penser, il n’avait pas été là pour elle. Peut-être légitimement, trop occupé à enterrer sa femme et à pleurer par-dessus cette alliance qu’il portait encore au doigt, sempiternel rappel de la promesse qu’elle l’avait vu faire devant l’autel d’une église, tout sourire. Ouais, elle avait été seule pour affronter la mort de son oncle, celui qui l’avait élevée comme sa propre fille, celui qui était venu encore et encore la sortir de prison ou de toutes les merdes dans lesquelles elle s’était fichue, plus jeune. Elle avait fini par trouver un bon chemin, elle avait fini par tirer quelque chose de tout ça, la ténacité de sa seule figure parentale – sur la tombe de son oncle, elle s’était faite des promesses qu’elle tenait coûte que coûte à remplir. Si seulement. Si seulement c’était si facile. Mais se confronter à Elijah, courir après un tueur en série qui amassait les victimes, affronter avec bravoure toutes les vérités qu’elle apprenait sur son histoire d’amour illusoire ; c’en était sans doute déjà trop pour elle. Anya était juste une femme lambda, pas une femme forte, ni même patiente, ni particulièrement altruiste – si ce n’est pour des rares personnes, du moins. Pour Elijah elle l’avait été – et elle l’aurait été, encore, encore et encore, sans faillir, sans s’retourner, sans fuir. S’il avait pu en faire de même, ne serait-ce que pour une fraction de seconde, le temps de sortir le nez de ses verres d’alcool pour voir autre chose. Pour la voir elle. La seule fois qu’il l’avait vue, c’était dans un lit, au beau milieu d’une nuit qui avait marqué l’esprit de la rousse, plus encore que toutes celles qu’elle avait connues avant – ça en faisait un certain nombre. Bien des hommes avec lesquels Elijah était directement entré en compétition, pour gagner haut la main. Au grand damne de la jeune femme : comment pourrait-elle envisager quoique ce soit avec lui ? Si faillible, si enclin à se perdre dans des souvenirs dans lesquels Anya n’avait pas de la place. Si absent, absent aux moments cruciaux qui avaient marqué son chemin à elle : était-il seulement venu à l’enterrement de l’oncle de la jeune femme ? Elle ne se souvenait plus, tant elle avait été habituée à ravaler l’âpre sentiment de déception pour le faire passer lui en premier. Il n’savait pas tout ça, et ne se préoccupait même pas de le savoir ; tout ce qu’il faisait, c’était stagner dans la fange de sa misère, blâmant l’ambitieuse créature qui ne voulait pas l’y rejoindre. Elle l’assumait. Elle n’voulait pas faire marche-arrière ; pas après tout ça, et pas pour l’homme qu’elle avait juste sous les yeux.
Grant lui avait donné un sens, Grant lui avait donné de l’importance. Elle avait vécu avec lui, elle avait retrouvé goût au quotidien, là où elle aurait pu tout aussi aisément se plonger dans des quantités de liqueur au comptoir d’un bar, avec son meilleur ami. Etait-ce elle qui avait tout brisé, franchement ?! A quoi se résumaient leurs derniers contacts ? Elle, le ramassant, ivre, au comptoir d’un bar, le trainant jusqu’à chez lui pour lui filer une aspirine, sans oublier le coup de poing dans les côtes pour faire semblant de lui en vouloir ? Ca n’avait pas été du semblant, ça n’avait pas été un jeu pour elle, un amusement quelconque, ou une manière d’entretenir le lien amical. Ca faisait des lustres déjà, qu’ils n’étaient plus rien : ou qu’elle n’était plus rien pour lui, simplement l’occasionnelle touche de bonne conscience au milieu des litres et des litres de beuverie sans fin. Mais ils en étaient là, à répéter le schéma, elle, revenant vers lui – mais cette fois-ci, il lui en voulait, la détester ou qu’importe. Elle ne lui ficherait pas un coup de poing dans les côtes pour prétendre s’en foutre et pouvoir en rire : ils n’avaient plus vingt ans, et Elijah aurait dû le savoir, à un moment donné. « Fais donc ça. T’auras qu’à rajouter les frais d’avocat et arrondir à cinq mille. » ajouta t-elle comme pique quasi désespérée pour répondre à l’indifférence du Rosenberg. Qu’il la rembourse donc – ou essaye, si tant est qu’il ne balance pas toutes ses économies, tous ses salaires dans des nuits au bar, ou pire encore, dans la prochaine caution qu’elle ne viendrait certainement pas payer pour lui. Ou des frais d’hôpitaux, c’était après tout le dernier stade de la misère, un stade qu’il n’avait heureusement pas encore franchi. Ouais, ouais, elle savait bien ce que ça faisait de perdre quelqu’un, de devoir survivre, de se sentir encore vivant alors que l’être aimé se trouvait six pieds sous terre. Il n’savait sans doute pas qu’elle connaissait le sentiment – il n’s’en préoccupait pas, du moins, persuadé d’être le seul à avoir perdu quelqu’un. Le seul à se raccrocher à un souvenir, quel qu’il soit : lui, c’était une alliance, elle, c’était chaque petit objet amassé dans la maison de son oncle, la pierre tombale, à laquelle elle rendait visite tous les jours. Sauf ce matin. Parce que c’matin elle s’était empressée de venir s’enterrer dans le hall crasseux du commissariat. Pour lui. Encore, et encore. Pathétique. Si pathétique que c’était aussi pour elle, oui, qu’elle évoquait Jillian, se cachant derrière la trop jeune, trop fragile, trop seule gamine qu’Elijah laissait derrière lui – elle ressemblait tant à sa mère, c’était une évidence criante que le jeune homme n’affrontait sans doute pas. Mais s’il y avait quelqu’un qui était bien placé pour savoir quelle souffrance pouvait être causée par un parent absent, c’était Anya ; l’Anya qui avait parlé, tenté de faire entendre une quelconque raison au meilleur ami. Rien n’y avait fait. Rien, rien, rien. Elle avait fui alors, s’était échappée probablement entre les bras du premier venu : Grant avait compati avec elle, Grant lui avait redonné substance ; c’n’était pas grâce à Elijah qu’elle était, sur ses pieds à se tenir fermement debout face à la vie. C’était grâce à Grant ; que l’ivrogne qu’il était l’accepte ou non. « Evidemment que ta sœur serait venue. Tout l’monde aux pieds du désespéré Elijah, la seule personne au monde à avoir perdu quelqu’un dans sa vie. » elle aurait voulu pouvoir répondre de tels propos, être celle qui franchirait le pas de la claire et nette provocation, le point de non-retour. Elle ne pouvait pourtant pas s’y résoudre : ainsi, aux réponses amères de l’homme, elle se contenta de soupirer, observant avec agacement la lenteur de ses gestes. Qu’il bouge son cul et qu’ils sortent d’ici, elle avait franchement mieux à faire que de l’écouter, ou de tenter quoique ce soit désormais : tout ce qu’elle voulait, c’était s’enfuir. S’enfuir et ne plus jamais se retourner ; qu’il aille au Diable. Elle avait été celle qui avait prononcé les mots fatidiques, signant soi-disant l’arrêt de leur amitié ; mais combien de preuves avait-elle amassés, démontrant la foi inébranlable qu’elle avait eue à l’égard d’Elijah Rosenberg, le meilleur ami qu’elle avait assisté dans chaque étape de son existence ? Lui n’avait rien dit, mais qu’avait-il fait pour elle ? Il l’avait sautée, une nuit, sans même tenir compte des états d’âme qu’elle pourrait avoir – sans même penser qu’elle pourrait ressentir de la culpabilité, du regret ?! C’était à croire qu’il n’l’avait jamais connue ; du moins, pas cette Anya qui tentait de consolider sa vie, malgré le chagrin qui la dévorait de l’intérieur.
Il n’en avait juste rien à foutre. Et elle le comprit bien assez tôt, lorsqu’il ouvrit une nouvelle fois la bouche : peut-être que pour lui, c’n’était qu’une provocation de plus. Pour elle, c’était tellement plus ; autant que si elle lui crachait à la gueule, ses condoléances pour sa femme, avant de lui balancer tous les reproches que toutes les personnes de son entourage retenaient de lui dire depuis des années déjà. Il avait raison ; qu’essayait-il de prouver, là ?! Il s’en foutait tellement qu’il ne vit pas le regard qu’elle lui lança – dénué d’une colère froide et de l’agacement dont elle s’était grimée jusque-là. Juste le regard d’une créature blessée qu’il venait d’exposer aux yeux du monde : elle qui tentait si ardemment de faire bonne figure, le moindre mot, la moindre petite pique la fracturait en mille morceaux. C’n’était pas Elijah qui s’en préoccuperait : parce qu’un soir, elle l’avait quitté en lui disant qu’elle n’pouvait plus continuer comme ça. Alors ça effaçait entre eux, toute notion de respect, tout souvenir d’autrefois, toute idée de regard sur les ressentiments de l’autre. Ils n’étaient donc plus rien. Aurait-elle dû lui en coller une ? Lui balancer son café sur la tronche pour rajouter à la puanteur nauséabonde qu’il se trimballait ? Elle aurait pu ; pourtant, la Mercer était glacée, de la tête aux pieds, paralysée dans ce torrent de regrets qui revenait fondre sur elle. Il avait eu raison ; ouais. Mais elle avait presque espéré de lui qu’il ait la décence de ne pas le lui balancer en pleine gueule comme ça – malgré tout, malgré le fait qu’il soit un connard indifférent. C’était une demande silencieuse qu’elle avait glissée vers lui, un commun accord qu’elle avait cherché dans leur autrefois. L’avait-elle elle-même réduit en cendres ? C’était c’qu’il se plaisait à lui faire croire ; autant penser qu’elle était la seule responsable de leur misère plutôt que d’un tant soit peu s’regarder dans le miroir, hein ?! La gorge aride comme un désert, serrée dans un nœud étroit, Anya puisa au plus profond d’elle-même, à la recherche d’une quelconque ressource pour répondre. Cette colère si souvent ravalée, cette rancœur brûlante, ou même cette haine qu’elle ressentait contre le fantôme de Grant. Il avait alimenté tant d’espoir en elle, et s’était avéré être un échec encore plus cuisant que sa relation avec l’homme en face d’elle. Y’avait tant de ressentiments, tant d’états d’âme ardents qui lui servaient de moteur, de combustible au quotidien – forcément, elle trouverait de quoi répondre. « Est-c’que j’dois m’estimer heureuse que tu m’offres tes condoléances aujourd’hui ? » l’avait-il fait, quand elle avait pleuré des heures durant sur la tombe de son oncle ? Etait-il venu à elle, ne serait-ce qu’une fois à cette époque ? Inlassablement elle répétait ses derniers souvenirs, pour simplement y voir Elijah, avachi devant un verre – et rien d’autre. Non pas un Elijah qui s’était préoccupé d’elle, elle qui avait perdu un parent dans l’ouragan, son repère, presque son monde tout entier. Elle qui se retrouvait avec l’héritage de sa famille sur les épaules. Ouais, lui il avait eu ses gosses, sa femme à enterrer, ses blessures à gérer. Elle n’s’était jamais jugée plus misérable que lui – mais lui, lui il l’avait fait une bonne dizaine de fois déjà. « Tu t’en es pas donné la peine, quatre ans plus tôt quand c’était mon oncle. Alors j’suppose qu’y’a du progrès. » elle marqua une pause, pour mieux reprendre, en pleine lancée à présent : « Dis-moi une chose, t’étais venu à l’enterrement ? Non parce que j’me souviens pas trop, tu vois. T’es pas venu à celui de Grant, c’que j’peux comprendre puisque je t’ai blessé d’une quelconque manière. Mais y’avait des fois où t’es pas venu et t’avais aucun prétexte. » elle était venue, elle, soutenir son meilleur ami, envers et contre tout, par-dessus la tombe de sa femme à lui. Elle s’était même occupée de ses enfants, alors que c’était son rôle à lui ; combien de fois s’était-elle oubliée sans qu’il ne le fasse en retour ?! « Tu peux prétendre c’que tu veux, et juste m’insulter derrière tes mots. Mais viens pas te présenter en étant soi-disant désolé ; parce que tu l’es pas. Tout c’que t’es, t’es désolé pour toi, à remuer d’la rancœur envers moi pour c’que j’ai dit. Parce qu’évidemment, y’a que c’que les autres font qui causent du tort, t’es irréprochable ! Tu penses qu’à toi. Rien qu’toi, et personne d’autre. Alors nan, tu peux pas être désolé pour moi. » et elle n’avait jamais dit ça, elle n’avait jamais balancé ces mots aussi brûlants qu’un fer chauffé à blanc. Elle avait toujours prétendu, prétendu être énervée au point de le frapper d’un coup de poing dans les côtes : mais c’était pire que ça. Elle était en colère contre lui, parce qu’il les avait détruits, tout autant qu’elle – de manière tellement plus vicieuse, tellement plus meurtrière. « J’en veux pas de tes condoléances. Elles arrivent quatre ans trop tard. Et j’ai pas besoin que tu me dises que t’avais raison. Parce que t’avais pas raison, Elijah ! Tout c’que t’avais comme problème, c’est que t’étais jaloux, jaloux que j’me traine pas dans la même misère que toi ou je n’sais quoi ! » ou peut-être jaloux qu’un autre homme ait existé à ses yeux à elle ; tout comme elle n’pouvait s’empêcher de ressentir de la haine à l’égard de cette alliance qu’il passait à son doigt avec tant de nostalgie. Ils n’en étaient plus à ce point-là, maintenant. « Tu peux prendre tes godasses, ta misère et ton putain d’orgueil qui t’poussera p’tèt à faire des heures supplémentaires pour me rembourser. Et dégager. Parce que j’ai plus rien à te dire, mais j’ai pas l’intention de fuir, ou d’prétendre. Plus maintenant. » il l’avait cherchée, cette confrontation ; elle, elle l’avait fui. Prétendant qu’elle n’pouvait pas être avec lui parce qu’il était ivre à longueur de journée – prétendant ne pas avoir remarqué, que leur nuit ensemble avait signifié quelque chose ; quelque chose qui l’avait éloigné de la bouteille. Y’avait d’autres vérités, d’autres regrets plus meurtriers encore, qu’elle n’avait jamais mis en mots : pourtant, des vérités qui l’avaient faite culpabiliser tout autant que son attachement pour Grant, le lendemain de leur nuit. Des vérités qui les rendaient incompatibles. Détruits, déjà bien avant cette nuit-là.
Elijah Rosenberg admin ○ nightcall
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Sujet: Re: (elijah) they were nothing, but spilled ink. Mer 14 Oct - 16:55
everything that matters breaks in two.
— anya mercer & elijah rosenberg —
Do you remember when we didn't care, We were just two kids that took the moment when it was there. Do you remember you at all, Another heart calls. Yeah I remember when we stole the night, We'd lie awake but dreaming 'til the sun would wash the sky. Just as soon as I see you But didn't I, but didn't I tell you. As deep as I need you, You wanna leave it all. — another heart calls.
Elijah avait dû mal à se souvenir du moment où les choses avaient vraiment dérapées. C'était peut-être parce qu'il n'avait plus conscience de grand chose depuis qu'il était rentré aux Etats-Unis pour constater que sa vie avait été complètement détruite dans un putain d'ouragan. Tout avait changé trop vite et il fallait croire qu'il n'était pas très doué pour s'adapter rapidement au changement. Alors, il avait laissé couler les choses au point de perdre tout ce qui avait pu être important, y compris Anya. Il aurait peut-être dû se battre pour sauver leur amitié au lieu de simplement la laisser partir comme elle l'avait décidé. Mais, se battre en ce moment, c'était clairement pas son fort. Il était plutôt du genre à aller s'affaler dans son coin et à picoler dans le but d'oublier tout ce qui n'allait pas dans sa vie. C'était la solution qu'il avait choisi jusqu'à tomber dans un cercle vicieux, maintenant, il n'en sortait plus des soirées à trop boire, il ne s'en rendait qu'à peine compte. C'était juste un verre après tout, toujours juste un verre. C'était comme ça que ça marchait dans sa tête, mais dans les faits, c'était beaucoup plus compliqué que ça. Le fait était qu'il avait un problème avec la boisson mais qu'il ne s'en rendait pas compte. Il s'était noyé dans cette connerie pour oublier tout le reste. Depuis la mort sa femme jusqu'au départ d'Anya en passant par la perte de son emploi. Il commettait erreur après erreur, au point même de se retrouver en cellule de dégrisement après avoir défoncé un panneau de signalisation en prenant sa voiture alors qu'il était bourré. C'était comme ça tous les jours depuis trop longtemps, si bien qu'il y avait des fois où il était complètement dans le flou. C'était le cas avec sa relation avec Anya, il lui semblait en un rien de temps que tout était de sa faute, qu'il avait toute la responsabilité de l'échec de leur amitié, pourtant, aux dernières nouvelles, ce n'était pas lui qui lui avait dit un beau jour qu'ils ne pouvaient plus se voir. C'était sa décision à elle qui au final les avaient séparés et pourtant c'était lui le gamin. Il fallait croire que c'était à lui de faire tous les efforts alors que c'était à peine s'il avait compris ce qui s'était passé entre eux. Elle était partie à cause d'un autre type et puis quoi ? Parce qu'elle se pointait là en le sortant de sa cellule et en payant l'amande qu'on lui avait collée au cul. Il ne lui avait rien demandé, il n'avait pas besoin d'elle ou de son argent. Il pouvait bien se débrouiller tout seul. C'était peut-être son orgueil qui parlait, parce qu'elle l'avait laissé tomber plusieurs mois plus tôt alors il ne voyait même pas pourquoi elle se donnait la peine de venir lui filer un coup de main et qu'en plus elle venait dépenser son fric pour lui. Elle ne voulait plus le voir pourtant, c'était bien ce qu'elle avait dit. Alors ça l'agaçait de la voir se pointer là pour l'aider comme si de rien était. « Très bien, va pour cinq mille dollars. » Il allait le trouver cet argent, qu'importait comment, il le trouverait. Il n'avait pas envie de garder cette dette envers elle et puis il avait envie de lui prouver que quoi qu'elle puisse penser, il était capable de s'occuper de lui-même. C'était une chose dont il était persuadé, sans doute à tort et c'était bien pour ça qu'il n'arrivait pas à s'en sortir. Il avait beau avoir du mal avec Fred ces derniers temps, il aurait préféré que ce soit elle qui se pointe pour la sortir de là. Tout restait plus facile avec Fred, sans doute parce qu'elle, elle n'avait jamais eu l'occasion de lui balancer en pleine tronche qu'elle avait pris la décision de ne plus être sa sœur. Heureusement, ça ne risquait pas d'arriver, quoi qu'il puisse arriver, elle serait toujours sa sœur.
Anya elle, elle avait été sa meilleure amie pendant des années, jusqu'à ce qu'un jour, elle décide qu'il ne fallait plus qu'ils se voient. Il était rancunier, c'était un fait, mais il était difficile de passer outre les paroles de la jeune femme, simplement parce qu'elle se pointait ici pour le sortir de sa cage et en lui avançant de l'argent. Ça l'agaçait plus qu'autre chose. Il avait l'impression qu'il aurait dû, simplement faire comme si de rien était en oubliant tout ce qui avait pu se passer entre eux. La remercier et se barrer, mais il en était parfaitement incapable. Peut-être qu'il était juste con, mais tant pis, la fois dernière elle ne lui avait pas laissé l'occasion de donner son point de vu, alors tant pis, maintenant il allait pouvoir le lui imposer. C'était le moment où jamais. Elle avait décidé de rester avec son mec et de le laisser tomber lui. Alors merde, il avait bien le droit de dire quelque chose là-dessus. Et voilà que ça tournait sur autre chose, l'accusant encore d'autre chose comme s'il était responsable de la misère dans le monde. Mais il fallait croire qu'elle avait oublié un détail dans l'histoire, il n'avait pas été pendant l'ouragan. Il n'avait pas été là quand son oncle était mort, pas plus que quand sa femme où toutes les autres personnes emportées par l'ouragan étaient mortes. Il avait été sur le front à l'autre bout du monde. Évidemment qu'il n'était pas venu à l'enterrement de son oncle, il n'était même pas venu à celui de sa femme. Trop occupé à survivre à des kilomètres de là pour finalement finir avec une balle dans la jambe. Quant à l'enterrement de son Grant, franchement, il était clair qu'il avait mieux à faire que d'y aller. Non, ce type, il n' l'aimait pas, il ne le connaissait même pas, il n'avait rien à foutre à ses funérailles. « Désolé d'avoir été trop occupé sur le front y a quatre ans pour venir aux funérailles de ton oncle ! » S'il avait pu venir, évidemment qu'il serait venu. Il serait aussi venu pour l'enterrement de son épouse, mais il n'était rentré que plusieurs mois après quand il avait été blessé. « J'étais même pas là pour ma propre femme ! » C'était une raison de plus pour ne pas venir à l'enterrement du fameux Grant, puisqu'il n'avait pas pu être là pour sa femme, la seule idée d'assister aux funérailles de Grant était insupportable. « Puis ouais, je suis désolé. Que tu le veuilles ou non ! Et prétend pas savoir ce que je ressens ou que je m’en fiche des autres, parce que c’est pas le cas ! » Parce qu’il y avait de longs moments pendant lesquels il se maudissait pour ce qu’il faisait subir à son entourage, parce qu’il y avait tellement de fois où il se disait que c’était bon, il arrêtait de jouer au con, ces moments pendant lesquels il restait sobre, pendant plusieurs jours d’affilés avant de sombrer à nouveau. Elle n’était pas dans sa tête alors elle ne savait pas ce qu’il pouvait penser ou ce qu’il pouvait ressentir et puisqu’ils ne s’étaient pas parlé depuis un moment maintenant, elle ne savait rien. « Quand je suis revenu d’Irak, ma femme était morte, ma maison détruite, ma jambe complètement foutue et ma carrière réduite à néant et grâce à toi, pour la première fois depuis des mois ça n’avait plus d’importance. Alors ouais j’étais jaloux, parce que t’as choisi c’pauvre type et tu m’as fais comprendre que je pouvais aller me faire foutre, sans même me laisser une chance. » Il s’était senti prêt à enfin avancer à ce moment là, il avait cru bêtement qu’avec Anya tout serait beaucoup plus simple et qu’il pourrait aller mieux et en un rien de temps elle l’avait envoyé sur les roses. « Bien, on a qu’à faire comme ça, mais cette fois respecte le ton choix pourris et te donne pas la peine de venir m’aider la prochaine fois que j’me retrouve dans la merde. » Il avait besoin d’elle pourtant. C’était un fait qu’il avait presque dit clairement quelques secondes plus tôt, parce qu’elle avait été la seule personne au monde à lui faire oublier ses problèmes, la seule grâce à qui il s’était vraiment senti le courage de se battre pour avancer. Mais si elle venait l’aider pour mieux pouvoir lui reprocher des trucs contre lesquels il ne pouvait rien, alors ce n’était pas la peine. « Parce que j’ai vraiment pas besoin que tu viennes m’engueuler parce que j’étais pas là y a quatre ans. J’aurais voulu être là. T’as pas idée d’à quel point j’aurais voulu être là.» Peut-être que s’il avait été là, ça aurait fait une différence pour sa femme et évidemment que si il avait été, il aurait apporté son soutient à Anya, mais à des milliers de kilomètres de là, au beau milieu d’une guerre, il n’y avait rien qu’il avait pu faire, ni pour son épouse, ni pour Anya.
Anya Mercer kill of the night
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Sujet: Re: (elijah) they were nothing, but spilled ink. Ven 16 Oct - 2:11
so let's not say goodbye this time
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i could aim, but i could not fire. got a bullet to spare to kill my desire. who's callin' the shots. one of us must make the peace to have or to have not. the fire has got to cease. i'm loaded, don't know where to point this thing. it's a sin, how we hit where it hurts. one of us must end this masquerade, to have or to have not, let's heal the wounds that we've made w/anya mercer & elijah rosenberg.
C’avait été une erreur ; elle le savait maintenant. Tout entre eux avait été une erreur : venir ici, de bon matin pour le récupérer au fond de sa cellule, s’attarder plus longtemps que la normale sur la misère de son meilleur ami. Cette nuit-là, délinquante jusqu’au bout des ongles ; cet attachement qui dépassait l’entendement, et forçait presque la rousse à piétiner toute sa fierté. Qu’était-elle, à vrai dire, pour se retrouver ici, devant l’homme qui la détestait d’une manière si criante – accrochée au maigre espoir que sa bonne action suffirait à lui faire ravaler l’acidité de ses paroles ? Pitoyable, il n’y avait pas d’autre mot pour la caractériser – pour crier à la vue de tous le désarroi dans lequel elle était désormais. Anya n’avait plus la main sur rien, Anya perdait les pieds – elle se noyait dans le chagrin qu’elle ravalait de plus en plus difficilement à chaque nouvelle journée qui commençait : et sa seule échappatoire, se transformait aussi désormais en piège mortel dans lequel elle finirait par étouffer. Il avait fallu qu’un putain de tueur en série se mette à sévir encore et encore en ville, il avait fallu que bien trop d’attentes se tourne vers elle : elle les imaginait volontiers, tous les flics de la ville, à attendre un miracle quelconque qu’elle n’pourrait par leur donner – c’n’était pas faute de le vouloir, rien que pour l’honneur de la chose. Et parce que ce meurtrier psychopathe lui avait pris Grant, et avait fait éclater la vérité sur lui : à nouveau tout un réseau de répercutions qui atteignaient sa vie à elle, et la frappaient de plein fouet. Que n’aurait-elle pas donné, pour que l’illusion dure plus longtemps ? Grant l’avait prise pour une conne, du début à la fin – et alors ? – dirait-elle volontiers désormais. Quand bien même ça n’avait été qu’un mensonge, une illusion d’optique à laquelle elle s’était si bien acclimatée, Anya avait été heureuse. Heureuse comme jamais depuis trop longtemps déjà : peut-être bien depuis le début de sa vie ; la gamine abandonnée par ses parents, élevée par son oncle, le seul centre de gravité de tout son univers. La miséreuse au compte en banque bien rempli, qui échangerait pourtant toutes les fortunes qu’elle possédait, pour un quelconque vrai moment d’affection. L’avait-elle connu avec Elijah, cette nuit-là ? La culpabilité l’avait tant poursuivie qu’elle était bien incapable de le dire : Anya, trop droite dans ses bottes, trop honnête pour accepter l’idée qu’une nuit adultérine puisse être délicieuse d’une quelconque manière. Quoiqu’il en soit, quoiqu’il ait pu se passer, l’attitude d’Elijah désormais, transformait tout en cendres sur son passage. Le cœur de la rousse, sa fierté toute entière, vaguement consolidée pour faire illusions : elle aussi mentait finalement, à la face du monde, pour se protéger – parce que c’était la seule chose qu’elle pouvait faire désormais. Peut-être bien qu’ils agissaient de façon bien similaire, tous les deux si prompts à sortir les griffes et à lâcher des piques acerbes : elle avait pourtant fait un pas en avant, à défaut de présenter de plates excuses faites de mots tristes et désespérés. Ouais, Elijah avait eu raison sur bien trop de points : même du fin fond de son verre d’alcool, il voyait mieux les choses qu’elle – mais comment pouvait-elle accepter une telle idée ? Autant n’pas le faire, et il était bien la dernière personne qui pouvait la blâmer pour ça : lui-même fuyait la réalité, toutes ses responsabilités et la dureté du monde.
Ils n’pouvaient pas fuir, ici, maintenant, dans le hall du commissariat – et peut-être que c’n’était pas une si mauvaise chose. Certes, ils ressemblaient à des clowns qui se donnaient en spectacle ; fort heureusement, l’heure indécente leur permettait de ne pas avoir de public pour assister à leur déchéance. Personne n’semblait vouloir se mêler à leurs histoires : et à quoi bon essayer de planquer la misère dans laquelle ils se retrouvaient ? Elijah venait d’exploser un panneau routier, et elle était désormais incapable de faire son job correctement – ils n’avaient plus aucune dignité à protéger, sans doute. Depuis bien longtemps déjà, la Nouvelle Orléans n’était plus le lieu où tout allait bien, où tout tournait rond : l’ouragan avait été dévastateur, meurtrier. Pour elle, pour lui, pour des dizaines d’autres personnes ; la ville en portait encore les stigmates, ici et là, dans quelques recoins de rues qu’elle évitait plus qu’elle ne fréquentait. Anya détourna le regard, aussitôt qu’Elijah se mit à répliquer : elle n’avait pas forcément besoin de se replonger quatre ans plus tôt, dans les souvenirs qui stagnaient profondément dans ses entrailles. Elle se souvenait du coup de téléphone au milieu de la nuit, alors qu’ils commençaient à mettre de l’ordre dans les décombres. Elle se souvenait de la morgue de la ville, dépassée et envahie de cadavres. Dont celui de son oncle, l’homme qui avait dévoué tant de son temps et de son énergie à sauver la vie d’autrui : était-il mort, enterré sous des décombres, parce qu’il avait sauvé quelqu’un d’autre ? Anya s’était souvent posé la question, penchée sur la tombe de l’homme qui l’avait élevée, qui l’avait supportée elle et son sale caractère, des décennies durant. Y’avait eu du monde, à l’enterrement de l’homme qu’elle avait aimé plus que tous les autres ; et pourtant, trop peu de gens qui avaient eu de l’importance. Etait-elle égoïste, de cultiver une telle rancœur face au monde tout entier, pour ce qui lui était arrivé ? La solitude qui l’avait immédiatement engloutie, aussitôt avait-elle perdu son oncle ? A mesure que son compte en banque s’était rempli d’une fortune indécente, elle avait perdu tout le reste : chacun de ses repères, celui avec qui elle avait fêté tous ses anniversaires, toutes les fêtes de l’année – celui qui la connaissait mieux que n’importe qui. Et Elijah dans la même foulée, un souffle à peine, sans pouvoir se retourner, ni faire quoique ce soit. Oh oui, elle savait qu’il avait été au front, qu’il en était revenu brisé, pour se prendre un flot de mauvaises nouvelles dans la tronche : elle savait aussi qu’elle avait essayé, qu’elle avait ravalé son propre chagrin pour tenter de le rattraper avant qu’il ne plonge dans les affres d’un chagrin duquel il ne reviendrait plus jamais. Mais son meilleur ami avait sauté, les pieds joints, sans même hésiter. Sans même regretter. Ni elle, ni n’importe qui d’autre – parce que soi-disant, sans sa femme, sans sa putain de jambe, sans son putain de job, il n’était plus rien. Alors ouais, y’avait quelque part où elle n’avait pas compté dans l’équation, où elle avait été oubliée, oubliée tant de fois – oubliée par elle-même, d’ailleurs. Peut-être bien que c’qu’elle lui reprochait était stupide, injustifié ; l’horreur de sa rancœur criée en plein dans son visage – mais il l’était tout autant, quand bien même il n’s’en rendait pas compte, et s’en foutait complètement. « Ouais, ouais. T’as raison, t’étais pas là. J't'ai jamais d'mandé de miracle à c'que j'sache. » et pourtant, quand bien même sa voix s’était presque assagie, exténuée par les intempéries de leur face à face, il y avait toujours, brillant dans ses yeux, une rage qu’il avait fait naître lui, ici, maintenant. Avec ses reproches en boucle, lui rappelant ceux qu’elle, elle n’avait jamais voulu lui balancer dans la gueule. Parce qu’elle avait eu de l’égard pour le soldat blessé, le veuf, le type paumé. C’n’était juste pas réciproque.
« Mais t’es revenu, Elijah. A un moment t’es revenu. Ouais y’avait plus rien, mais t’étais pas l’seul à avoir perdu quelque chose, ou quelqu’un. Et quand t’es revenu, j’étais là moi, j’ai tout lâché pour venir te trouver. Et c’est là que t’as commencé, t’as préféré faire le pilier de bar plutôt que d’essayer – ou même de ravaler ta misère pour quelques heures le temps de te d’mander, tiens donc, et comment est-c’qu’Anya, ma meilleure amie encaisse le coup ? » il s’était paumé avant même d’essayer de se retrouver, et y’avait pas de retour possible pour ça ; pas pour eux en tout cas. « Parce que quand j’venais pas te récupérer, avachi à un putain de comptoir de bar, j’étais seule ! Et p’tèt que mon tort, c’est de pas avoir plongé dans l’alcoolisme comme toi, va savoir. Tu vas sans doute trouver un truc pour justifier ça aussi, est-c’qu’y’avait quelque chose que j’avais dit et qui t’avais pas plu aussi ?! » elle reprenait le cycle infernal de l’agacement, la voix qui montait crescendo à mesure qu’elle ouvrait la bouche ; il n’pouvait pas avoir tous les prétextes du monde – pas alors qu’il avait oublié tout le monde autour de lui. C’était facile d’avoir des regrets, d’se dire qu’on s’reprendrait, demain ou après-demain ; ça n’changeait rien aux faits. A part l’avoir sautée et s’être senti mieux le lendemain, il n’avait rien fait pour elle. « Alors ouais, pendant qu’j’étais toute seule, Grant est venu. Il est entré dans ma vie de manière totalement imprévue, j’croyais pas être capable de pouvoir sourire à nouveau, d’pouvoir oublier le fait que j’étais juste seule dans ma vie ! Mais il l’a fait, il a tout effacé, et il m’a aidée. Et j’ai cru, j’ai tellement voulu croire que ça irait enfin mieux. » après une bonne trentaine d’années à trainer la misère, à être la fille dont la mère s’était barrée à Las Vegas pour aller jouer dans les casino, sauter des gros riches et Dieu seul savait quoi ! Après une dizaine d’années à être la meilleure amie altruiste, celle qui oubliait de passer sur la tombe de l’homme qui l’avait élevée, parce qu’Elijah s’retrouvait dans une putain de cellule de dégrisement parce qu’il n’était pas capable de rouler droit ! « Mais ouais, t’avais raison à son sujet. C’était juste un menteur, et j’ai été assez conne pour lui faire confiance. J’ai mis ma vie entre les mains d’un type qui n’en avait rien à foutre de moi. Encore un. » l’énième nom d’une liste qui n’en finissait pas. Et sur laquelle se trouvait Elijah, quoiqu’il dise, quoiqu’il pense ; elle avait été son baume réparateur, la femme qu’il avait embrassée sans en ressentir le moindre regret, ni même le besoin d’aller picoler juste après. Mais elle n’en pouvait plus d’être la sauveuse du reste du monde, alors même que le reste du monde s’en foutait d’elle. Il n’lui avait pas fait ressentir ça, lui ; elle avait juste regretté, elle avait détesté le fait de mentir, de trahir. Mais Elijah n’avait pas pensé à ça, Elijah avait juste vu sa fierté de connard piétinée. « T’avais raison, j’le dis. Sois fier de toi. Hourra pour Elijah. » elle resserra l’étreinte de sa main autour de son sac, elle en avait oublié son café et toutes ses préoccupations professionnelles – c’qui l’obsédait d’habitude et lui semblait bien désuet désormais. « T’en fais pas, j’reviendrai pas. » et elle fuit volontiers, s’écartant d’Elijah pour prendre ses jambes à son cou, atteindre la porte d’entrée du bâtiment, et la passer sans même un regard en arrière. Finalement, ouais, elle fuyait à nouveau ; mais c’était toujours mieux que de prolonger encore cet entretien qui n’faisait que remuer des mots qu’ils n’avaient que trop dit, sans les prononcer. Ils n’étaient plus rien, pas la peine de se retourner dix fois sur ça.
Elijah Rosenberg admin ○ nightcall
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Sujet: Re: (elijah) they were nothing, but spilled ink. Jeu 22 Oct - 19:20
everything that matters breaks in two.
— anya mercer & elijah rosenberg —
Do you remember when we didn't care, We were just two kids that took the moment when it was there. Do you remember you at all, Another heart calls. Yeah I remember when we stole the night, We'd lie awake but dreaming 'til the sun would wash the sky. Just as soon as I see you But didn't I, but didn't I tell you. As deep as I need you, You wanna leave it all. — another heart calls.
Le problème d'Elijah, avant même l'alcool ça avait été la dépression. L'alcool, c'était une conséquence de tout ça. Il n'avait pas choisi de finir dans cet état. Personne ne choisissait de finir dépressif ou alcoolique, c'était plutôt les conséquences des choses qui étaient arrivées dans sa vie. Sans doute qu'il n'était pas le seul militaire à être revenu de la guerre dans un sale état. Peut-être que même sans Katrina ou la mort de son épouse, il serait revenu du front complètement dépressif et aurait de la même façon fini par sombrer dans l'alcoolisme, mais peut-être que s'il y avait encore eu son épouse à son retour, les choses auraient été différentes, il aurait su s'en remettre plus vite. Là, ça avait été un coup de plus, à un moment où déjà ça n'allait plus. C'était la dépression qui l'avait bouffé jusqu'à le laisser au fond du trou et ça lui était tombé dessus sans qu'il ne comprenne rien à ce qui lui arrive. C'était une maladie qu'il n'avait pas vu venir et qu'il ne comprenait toujours pas. Un problème dont il n'avait pas confiance et qui pourtant était en train de lui bouffer la vie. Il avait commit des erreurs et ça il en avait conscience à chaque fois qu'il était sobre, il se rendait bien compte que ses cuites répétées étaient des belles conneries, mais sans doute que tant qu'on ne l'enverrait pas chez le psy régler le problème à la base de cet alcoolisme, il continuerait. C'était un cercle vicieux dans lequel il était coincé et il n'avait clairement pas choisi de se retrouver coincé là-dedans. Il avait juste sombré, sans comprendre ce qui lui arrivait. Les choses s'étaient enchaînées trop rapidement pour qu'il puisse garder un contrôle dessus. Maintenant, il était tombé trop bas pour pouvoir s'en sortir tout seul. Mais c'était clair qu'en lui disant que tout était de sa faute et qu'il fallait juste qu'il se secoue les puces pour aller mieux. Ce n'était pas comme ça que ça marchait, sinon ça ferait longtemps qu'il irait mieux. Essayer de le secouer comme ça, c'était ce qu'elle faisait tous les jours Fred, mais ce n'était pas efficace comme technique, de toute façon au point où il en était, il avait beau faire des efforts, ça ne marchait pas. Une fois l'addiction installée, pour s'en sortir, c'était de suite plus compliqué. Anya prétendait qu'elle ne lui avait pas demandé de miracle, mais sans doute qu'elle n'avait aucune idée de ce qui pouvait se passer au fond de son crâne ces derniers temps, même lui il n'en savait rien. Alors sans doute que c'était comme lui demander un miracle de lui dire qu'il fallait se reprendre en mains. Il leva légèrement les yeux au ciel suite à sa réflexion. Il n'avait pas été la quatre ans plus tôt, il était rentré dans un état déplorable et on lui en avait rajouté plein la gueule dès qu'il avait remit les pieds en ville. Mais, il n'avait jamais demandé à Anya de venir l'aider. Il n' avait jamais rien demandé à personne. Il aurait dû s'en doute, mais il ne l'avait pas fait. Alors si ça la faisait chier de remballer ses problèmes pour s'occuper des siens, elle ne pouvait s'en vouloir qu'à elle-même. C'était tout à son honneur si elle, elle y arrivait, mais tout le monde n'en était pas capable. Peut-être qu'elle avait plus de force, de courage que lui. C'était bien pour elle. Mais tout le monde ne pouvait pas être comme Anya.
« J't'ai jamais rien demandé Anya. J'ai jamais rien demandé à personne ! » Qu'on le laisse dans sa merde, il s'en fichait lui. Au fond, il n'avait pas envie d'entendre les mêmes discours encore et encore, parce qu'ils n'avaient rien changé à son état. Anya n'était pas la seule à s'être pointée pour lui dire que ça allait aller, qu'il s'en remettrait et blablabla. Qu'est-ce que ça pouvait changer dans sa vie qu'on lui dise ça ? Ça n'allait pas ramener sa femme, ça n'allait pas non plus lui rendre sa jambe, son boulot, sa maison et puis lui retirer les cauchemars de guerre. Les beaux discours, ça ne changeait rien à sa vie. L'alcool au moins, ça lui permettait d'oublier un tant soit peu les merdes de sa vie. « C'est bien pour toi si tu as la force de passer outre tes problèmes pour les autres. Mais c'est pas le cas de tout le monde. P't'être que ça fait de moi un putain d’égoïste, mais j'y peux rien c'est comme ça. » Il était égoïste, c'était un fait, ça avait toujours été vrai, depuis qu'il était tout gamin et qu'il rendrait ses parents complètement fous. Il avait souvent fuit ses responsabilités, comme le derniers des lâches. La mère de Jillian en était une belle preuve. Il l'avait laissée tomber à la seconde où elle lui avait annoncé sa grossesse, il s'était engagé dans l'armée dans le seul but de s’éloigner d'elle et de l'enfant qu'elle portait. Il craignait et ce n'était pas une grande nouvelle. « Y a rien de ce que j'ai pu faire qui était contre toi. Laisse moi avec ma bouteille et mon comptoir, c'est tout ce que je demande moi ! » C'était plus efficace pour oublier que les discours à la con qu'on lui servait à tout va. Il n'avait pas besoin de compassion ou de soutien, il avait besoin d'oublier et y avait bien que l'alcool qui permettait ça. Ou peut-être un bon traumatisme crânien, mais il n'en était pas arrivé là. Cela dit, peut-être qu'à conduire en état d'ivresse ça finirait par arriver. Il applaudit avec ironie suite à la réflexion de la rouquine. « Bravo à Grant ! Le meilleur type du monde. Lui au moins, il n'avait aucun défaut ! » Il en avait, ils le savaient tous les deux à présent. Mais lui ce n'était pas grave, qu'il soit mort ou non. Ça n'avait jamais eu d'importance pour Anya. Alors que lui, il se comportait comme un con une fois et ça y est c'était la fin du monde. « Ouais. C'est ça, puisque j'ai loupé le coche une fois, ça veut dire que j'en ai jamais rien eu à foutre de toi.. » Il n'avait pas été là pour son oncle. Mais avant ça, elle avait toujours été dans ses priorités. Il trouvait toujours le temps pour elle, même quand il n'avait eu que des courtes permissions, il s'était toujours arrangé pour être là pour elle. Même quand il lui avait dit qu'il n'aimait pas son Grant, qu'il ne lui faisait pas confiance, ça avait été une façon d'essayer de l'aider. Mais non. Une erreur de parcours et c'était fichu. « Ouais bien. Bon vent. » Il n'avait pas l'intention de la retenir. Qu'elle s'en aille, il voulait croire qu'il s'en fichait complètement. C'était faux, parce qu'il tenait à elle, même s'il ne l'avait pas vraiment prouvé ces derniers temps. Il avait besoin d'elle, même s'il se plaisait à dire que ce n'était pas du tout le cas. Mais c'était mieux comme ça.
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Sujet: Re: (elijah) they were nothing, but spilled ink.