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 et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi

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Samira Foxx
Samira Foxx
kill of the night


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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyMar 7 Juin - 0:07

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Saul Weiss
Saul Weiss
kill of the night


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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyJeu 7 Juil - 19:12

Saul ne va pas pleurer. Il ne va pas crier. Et il n'expliquera rien.

Sur son ordre, le nipper pèse contre elle. Ses bras ne veulent ou ne peuvent plus l'étreindre, alors il se tient droit entre les mains et sur les lèvres. Saul est furieux mais il gît au milieu de l'indicible. Tout ce qu'il aurait à confier, confesser, raconter, si seulement il osait et si seulement on lui avait appris. Elle l'enferme à mesure qu'elle le presse. A certains instants, il la contemple. A d'autres, il l'évite. En fin de compte, il est incapable de lutter et taillade un sourire sur sa face. C'est vague, et mal ciselée, mais la tentative de Sam est si admirable de désespoir qu'il lui abandonne lentement sa colère. Comme elle a l'instinct de le faire depuis des années, elle se tapit à des endroits qui échappent à la vue de Saul et elle grossit les nids pré existants. Plus tard, elle surgira encore pour l'étrangler. Un jour, il ne pourra plus l'empêcher. « Tu me fais du bien, il grésille au milieu du vacarme qu'elle fait sur Harcourt Drive. » La fatigue combat la rage. Il se procure de nouvelles secondes, pour tempérer sa bile, organiser sa haine, calfeutrer sa détresse. Les minutes œuvrent. Ce n'est qu'un autre abandon et un nouveau deuil. Saul est forcé de se répéter qu'il l'a déjà vécu, déjà enduré, déjà vu. La nuit qui prend sur eux lui rappelle qu'il sait faire, que ce n'est rien qu'il n'ait déjà vaincu. À chaque étape de son anesthésie intérieure, il compte méthodiquement. Geste après mot, il fixe ses billes pluvieuses sur Samira et il débusque toutes les traces de ce qu'il aime. Ce qu'il déteste est converti et ajouté à son inclination.

Ce soir, elle a pulvérisé un autre de ses endroits de tranquillité. De ses zones-refuges. Peut-être le dernier. Et il ne peut pas le lui refuser.

« Viens. » Dans ce qu'il a de plus personnel, Saul veut plonger dans la nuit et disparaître pour trouver chaque éclat de lui que Samira a semé depuis le soir. Il loge plutôt la paume de la jeune femme dans la sienne et il l'attire vers la maison. Ne pas penser à ce qu'il ressent de pire exige une discipline d'autant plus rigoureuse qu'il est exténué. Pleurer est incroyablement tentant. Hurler est séduisant. Se battre est impossible. Tuer... il est inutile d'y penser. Il n'a pour lui que les choses qu'il sait mal et qui, du reste, l'entaillent profond. En traçant des démarcations mentales comme il arpente la demeure de ses parents, Saul oblige sa nature à le préserver. Il n'a qu'à faire comme il a toujours fait : ça ne fait pas mal, ça n'est pas grave, ce sera pire. Il serre plus fort les doigts et ses salutations pour les nippers présents frôlent le mépris. Les phrases échangées sont plates, et froides. Pressé d'en finir, il ne se fabrique pas même l'amorce d'une excuse. Il s'esquive. Ça n'est que le milieu de la nuit, mais il n'est pas à eux et il ne leur doit rien. Ses responsabilités sont accablantes et doivent, de fait, être arrangées selon leur importance. Son office le plus impérieux part de sa main et poursuit son sillage. A Sam non plus, il ne laisse aucun choix. Elle est avec et contre lui. Le sort lié, elle ne peut pas l'abandonner maintenant.

Jusqu'au dernier moment, il hésite. Saul ne veut pas de Samira dans sa chambre – où fuirait-il, sinon ? Alors il escalade les marches et pousse la porte qu'il n'a pas osée franchir le matin. C'est là qu'émerge une autre urgence. « Suis-moi. » Il l'entraîne de toute sa carcasse endolorie. « Dehors. » Le type qui s'inspecte au miroir de la salle de bain ne se le fait pas répéter. Battant poussé, verrou tiré, fenêtre rivée, Saul plaque sa bouche contre celle de Sam. Il n'a aucune raison de faire ça, si ce n'est pour répéter que c'est elle qu'il choisit. « Aide-moi, s'il te plait. » A s'enlever le haut sans s'esquinter plus loin les côtes. Il défait seul son pantalon. Il quitte le reste de ses vêtements. Il fixe Samira. Comment lui dire ? Et comment expliquer ? Elle doit le savoir ou, contrairement à ce qu'elle affirme, elle doit le deviner. Saul est si contrasté, de fureur, de dépit, de lassitude et de douleur, qu'il est certain qu'une tentative se solderait par des émotions plus difficiles encore à peindre, plus impossibles à contrôler. A chaque inspiration, il croit qu'il va parler. C'est seulement sa poitrine qui se creuse, la moiteur de la nuit qui ruisselle sur sa nuque, ses bras, ses jambes. Encore, il démissionne et ouvre le robinet de la douche. Rien que le premier jet jette du repos dans le corps de Saul. C'est plus facile s'il ne dit rien. C'est plus facile s'il attire Sam contre lui, qu'il l'embrasse et la débarrasse des vêtements. C'est un langage qu'il connait mieux. C'est une conversation qu'il aime avoir. Peau contre peau, il lui dira comme il a mal.
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Samira Foxx
Samira Foxx
kill of the night


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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptySam 30 Juil - 1:36

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Saul Weiss
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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyMar 2 Aoû - 11:44

Aspergée de pluie chaude, son épaule gronde. Saul presse l'os entre ses doigts. La grimace qu'il s'arrache le dissuade d'insister. Demain, il ira mieux. Et, si ce n'est pas le cas, Pete lui administrera une dose raisonnable d'un analgésique de sa confection. Pour l'heure, il puise son sédatif à l'attention de Sam, qu'il esquive farouchement, du regard, de l'être, de l'âme, alors qu'elle est si près de lui qu'il sent son souffle à travers les torrents que l'eau fait sur leur peau. Sa main est remplacée par les siennes. Il inspire. Sans avoir aucune idée du bien, du mal et de toutes les autres choses que ça lui fait, Saul efface le sang séché qui lui barre les yeux, il effleure l'arrête couturée de son nez. Toute sa poitrine est douloureuse, comme si elle avait rétrécie sous les impacts et qu'il fallait maintenant que ses poumons se contentent de moins d'air, et son cœur de moins de battements. Le pire, ce sont ses côtes. D'un côté, elles sont sensibles. De l'autres, elles sont toujours aussi humiliantes. Saul a envie de lorgner après sa cicatrice, s'assurer qu'elle est là, aussi cuisante qu'à l'époque où on la lui a infligée. Il n'ose pas, pour que Sam n'ait pas non plus à la regarder. A présent, il ne voit que le sommet de son crâne, ses cheveux ruisselants. L'odeur de savon chasse celle de sang. Il fait épais. Humide. Brûlant. Longtemps, il ne dit rien et il ne pense pas plus. Saul est immense et il est creux.

C'est plus facile s'il ne ressent strictement rien.

Je te fais du bien ? Le crâne de Saul hésite. Il n'y avait plus réfléchi depuis plusieurs minutes, et il avait quitté cette salle de bain et cette étreinte. Son corps, plus sensible, plus avide, est, lui, autrement plus définitif. Sa nuque frémit. Ses sens soupirent. Il s'en veut presque de bander. Et comment ? Et pourquoi ? On sait mieux que lui ce qui est bon, et bien, pour lui. Le reste de son corps n'a que faire des craintes, des colères et des introspections. C'est si simple que c'en est ridicule de résister. A moins qu'elle ne provoque des sentiments contradictoires et qu'elle ne rebatte sans cesse les cartes. Le regard de Saul va plus franchement à celui de Sam. Soudain surpris, troublé, de la trouver où on ne l'a jamais cherché, il se tend avec une confusion ramassée, sidérée, offusquée et perplexe. Est-ce qu'elle lui fait du bien ? « Je crois, il rit doucement, comme l'on s'excuse. » La nervosité préside. Un amusement lointain, ténu, fugace, témoigne. Il ne sait pas ce qu'il éprouve, sinon que faire barrage rendra la chose plus difficile. Et, comme en toutes choses, si Samira le veut, Saul Weiss accepte. Avec un malaise diffus dans le ventre, il se demande parfois s'il ne respire, ne vit et ne va mourir que pour répondre à ses attentes. C'est possible. Qu'importe, de toute façon, puisque Saul est d'accord. Elle n'a qu'à faire ce qu'elle veut de lui, l'aimer ou le haïr, et tous les traitements de son imagination. Cette fille est d'une exceptionnelle violence. Elle lui a bousillé l'entièreté de sa vie.  

Comme elle le prend sur un terrain qu'il sait encore moins bien que de parler de l'état misérable de son esprit, Saul sent la vérité qui lui monte à la bouche. Aux yeux qui se ferment, il soulève le menton. L'autre main ferme le robinet. Puisque c'est si pénible à prononcer, il veut être certain qu'il n'aura pas à répéter. « J'ai eu une vie, avant. J'ai fait des choses. Que ni toi ni Ester vous savez. » Il ne distingue pas les larmes des gouttes d'eau, et il les renverse toutes du pouce. Ses paumes attrapent le visage de Sam et c'est moins pour l'obliger elle que pour se contraindre lui. Il suffirait d'un soubresaut d'angoisse pour détourner le regard et le faire abandonner. « Je crois que si tu le savais, tu ne m'aimerais pas. En fait, dit-il avec un ton qui avoue la douleur que ça lui coûte, j'en suis sûr. » Comment pourrait-il en être autrement ? Samira n'est pas faite comme lui. Pour elle, on a pris son temps. On y a mis des soins. On lui a procuré une conscience, et on l'a doté d'une âme joliment façonnée. On n'a pas embarrassé Saul Weiss avec toutes ces choses. « Tu n'as pas du tout idée de qui je suis. » Il a tué tellement d'hommes, des femmes, et quelques mômes. Il ne s'est pas cherché d'excuse et n'a pas davantage demandé pardon. Et être un meurtrier, c'est encore le plus supportable de ses crimes et ses tares. Est-ce qu'il arrêterait de tuer pour Samira ? Peut-être pas. Et, en même temps, probablement. « Je ne suis pas quelqu'un de bien. Pas même un peu. Et le type qui se bat dans un sous-sol, c'est que le début. » Il y a de l'alarme dans son timbre. On dirait qu'il la prévient. Après se l'être attaché autant et si longtemps, c'est hypocrite et un peu tard. Saul pourra raconter qu'il a essayé. « Mais je veux pas que tu me laisses, tremblent les mots qui s'accrochent les uns aux autres. » Sam mériterait d'autres empires. Meilleur que Saul, meilleur qu'Ester. Même Ester, dont les péchés sont nombreux et les forfaits peu avouables, fait un ancrage plus souhaitable pour Samira. Il les laisserait volontiers l'une à l'autre. L'ennui, c'est qu'il ne sait pas comment faire. Le pire, c'est qu'il en crèverait forcément. « Je sais plus rien faire sans que tu me regardes, caresse la bouche. Et, quand je vois ce qu'il y a dans tes yeux, quand on sait tous les deux quelle sorte d'homme, de bête, je suis, j'ai... peur. Et mal. Et peur. Parce que, tu vois, je sais pas du tout comment être quelqu'un d'autre. »
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Samira Foxx
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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyLun 29 Aoû - 23:24

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Saul Weiss
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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyDim 4 Sep - 16:28

Est-ce qu'ils peuvent se quitter ? Les mains qu'elle ne pose plus sur lui pour dissiper sa crainte, la question le tourmente. Est-ce qu'ils le peuvent ? Ils ne sont même pas... quoi, un couple ? Quand l'idée le démange aussi furieusement que ce soir, il voudrait qu'on lui dise ce qu'ils sont, que Samira le fasse pour eux, ou qu'elle invente un mot. Ce serait plus facile de savoir ce qu'il sent, ce qu'il pense, ce qu'il fait ; ce qu'il devrait sentir, ce qu'il devrait penser et ce qu'il devrait faire. On offre des fleurs et des bijoux. Et si on avait dit à Saul qu'il aimerait une fille (qu'il en aimerait deux) au point de la faire entrer chez lui et de la faire rester, il aurait ricané en rallumant une cigarette, vautré sur une chaise grinçante, son flingue posé au centre de la table. Des mois qu'il n'y a plus d'armes nulle part à moins qu'on ne les cherche. Des mois que les Nippers apprennent à vivre une présence féminine, une présence exigeante – qui les commande comme s'il s'agissait de Sham Weiss. Parce que Saul est leur chien et qu'il a peur, foutrement peur, qu'on l'abandonne. Ester, elle ne le laissera pas. Leurs sentiments sont plus confus et plus pudiques mais ils s'entendent parce qu'ils partagent la même colère, la même détestation, le même appétit pour le sang. Ils savent l'essentiel l'un de l'autre et leurs instincts ne se contrarient pas. Samira... Les beaux, les sombres, yeux de Samira le foutent en l'air. Tous les jours, il apprend ce qu'elle aime et, plus amèrement, ce qu'elle hait.

Et, souvent, il semble que ce soit lui.
Ce qu'il sent. Ce qu'il pense. Ce qu'il fait. Ce qu'il est.

Sam peut délier leurs êtres, elle peut le quitter. Elle peut le détruire. Il suffit de quelques mots. Il suffit d'un silence. Et c'est plus fort que Saul, ça le prend à la gorge : est-ce qu'elle va se rhabiller, sans même se sécher ? est-ce qu'elle va ramasser ses affaires, claquer la porte ? est-ce qu'elle va le quitter ? Elle resterait pour Ester. Pour Ester, elle resterait. Il n'est même pas assez mesquin pour songer qu'elle n'a nulle part où aller. Elle peut simplement le quitter.

« Ne me quitte pas. » Des profondeurs de sa détresse, ça s'extirpe d'un seul trait, terriblement plaintif. Et il a honte. Mais la bouche entrouverte de Samira l'a effrayé alors que, au contraire de son délire, elle le console dans les secondes qui suivent, de longues secondes qui filent et crèvent tout le silence opaque de la vieille salle de bain. Les doigts l'étreignent. Les lèvres le frôlent. Elle n'a pas fini de tout dire qu'il l'embrasse à pleine bouche, un soulagement nouveau à chaque bouffée qu'il prend pour l'embrasser encore. « Je t'aime aussi, lui échappe la poignée de syllabes. » Et, soudain, des milliers de mots sont admissibles. Il ne croyait pas que s'avouer le libèrerait autant. Or, à l'inverse de ce dont on l'a toujours instruit, il n'y a aucune faiblesse mortelle à se dévoiler ; ses parents étaient de sombres connards pour une bonne centaine de raisons, et celle-là parmi d'autres. Car, à ses confessions, Samira rétorque sans le fuir. Elle n'esquisse pas même l'intention de le faire, quand même elle ne réalise pas (ou ne veut pas réaliser) toutes les horreurs qu'il a commises et toutes celles qu'il voudrait commettre. Elle presse un sourire contre lui et, quoi qu'il n'ait rien projeté, elle prononce tout ce qu'il voulait entendre. Ça n'est pas réellement souhaitable et, peu à peu, Saul prend pleinement conscience des choses affreuses qu'elle déblatère avec tendresse mais, d'abord, c'est apaisant de ne retenir que l'essentiel : elle ne le quitte pas. Il s'abreuve longtemps à cette promesse. Il revit.

Saul enlace Sam avec le bras le moins douloureux pour les côtes. Il la serre contre lui, pour qu'elle ne dise plus rien et pour qu'il ait du temps. Un timbre discret – proche du souvenir – lui murmure qu'il a le droit de pleurer. Les paupières fermées comme s'il essayait de toute sa franchise, il n'y parvient pas. Elle l'a déjà aidé à tuer, résonnent ses tempes abruties par une journée et une nuit parfaitement épuisantes. « T'as plus à le faire... » La bouche parle directement à l'oreille et, un moment, Saul tord mentalement toutes les autres choses qu'il veut dire. Même si une mécanique nouvelle s'est mise en branle, il ignore comment s'en servir. De toute façon, Sam n'a pas besoin de tout savoir. En fait, il vaut mieux qu'il ne dise rien d'autre pour l'instant. Alors il tourne le robinet et l'eau gicle de nouveau. Elle est encore tiède, l'air se réchauffe doucement. Un long moment, il refuse obstinément de défaire son étreinte. Sentir la peau de Sam contre la sienne, c'est oublier qu'ils ont d'autres conversations à avoir et qu'il faut prolonger celle-là. Du moins, il le faudrait. « Je crois... » Saul est soudain percé par une évidence qu'il semblait jusque-là soupçonner sans disposer d'une intelligence suffisante pour l'appréhender entièrement. « Je crois que tu dois m'aider à faire l'inverse. » Il ne peut pas racheter les vies qu'il a prises, et toutes les autres qu'il a pillées en les privant d'un père, d'un frère, d'un fils. En revanche, ils peuvent, ensemble, le débarrasser d'un peu de sa haine et de cette fièvre maladive et pousse-au-crime qui lui grignote l'estomac et la bile. Est-ce que ça fonctionnerait ? Saul se souvient, bien que vaguement, qu'il n'était pas toujours si débordant de colère et qu'Harcourt Drive n'a jamais exigé de lui qu'il soit un assassin. « Comme je t'aide, il dit et il s'écarte doucement d'elle, à ne pas avoir peur ?... même si je sais pas du tout comment je fais ça. » Tout le temps où il délivre sa pensée, Saul se sent ridicule. Il combat brutalement cette sensation, avec une exigence orgueilleuse et fébrile. Il n'aime pas ce qu'il entend. Il se trouve idiot. Pourtant, si candide que ce soit, il a l'impression de devoir le prononcer distinctement pour que cela s'accomplisse. Comme l'on prend conscience de soi, il tâtonné l'idée, déjà présente et néanmoins dissimulée, qu'ils n'ont de dessein l'un pour l'autre que de se reconstruire et, pour bien des aspects de leur personnalité et de leur être, de se construire. « Oublie ça, il rosit en s'extirpant de la douche et en se secouant le crâne. » C'est encore plus humiliant de s'enfuir et il se mord la lèvre en même temps qu'il esquive son regard perdu dans la glace. Il s'enroule la taille dans une serviette dont chaque pan lui abîme la peau et ne sait plus quoi inventer pour disperser son attention. Quand il n'y tient plus, Saul se retourne et, l'air d'un gamin qui sait d'avance qu'on le lui refusera, il demande prudemment : « Est-ce que... je peux dormir avec toi ? »
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Samira Foxx
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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyDim 11 Sep - 23:04

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Saul Weiss
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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyLun 12 Sep - 10:50

Il est soulagé qu'on lui pardonne. Il est soulagé de n'avoir pas à dormir seul. Le cœur malhabile et l'esprit fruste, Saul s'épuise d'éprouver si intensément des choses si différentes. Où qu'il regarde, il ne voit plus les confins de son être : il se trouve distendu, tordu et emmêlé, comme si on avait tout exigé de lui et qu'il s'était contorsionné afin d'obéir. Une épaisse fatigue partout dans le crâne, il suit diligemment Samira sans s'attarder sur ce qu'elle a d'indécent. C'est quand la lumière de la chambre se répand autour d'eux qu'il dresse le front, et ses yeux roulent dans leur orbite. Saul ne dit absolument rien. Bien sûr, elle aura tous les éclairages qu'elle veut. C'est sa chambre, et elle y règne sans partage. De plus, il n'a besoin de rien. En silence, il la regarde faire, il la regarde vivre. Elle se comporte, un temps, comme s'il ne s'était rien passé, comme s'ils n'avaient rien dit. Cet encart, il l'utilise pour dissoudre son malaise. Ils ne se sont rien racontés de fatal. Ils ne se sont rien dits de mortel. Au contraire, c'est un baume à appliquer sur les plaies gigantesques de son âme. Tout ce qu'il ressent d'autre ne résiste jamais à l'amour intraitable que Samira renverse sur lui.

Saul ne s'allonge pas tout de suite. Il réalise, dans le coin de son esprit réservé aux choses ordinaires, qu'il n'a aucun vêtement à passer. Intérieurement, ça soupire : est-ce que c'est important ?. Bien sûr que oui. Bien sûr que non. Bien sûr qu'il voudrait qu'elle oublie. Et, en même temps, bien sûr que non.  Il pince les lèvres quand elle est aussi incapable de le voir qu'il ne peut la voir, lui. Planté au milieu de la chambre, un regard compulsif pour la fenêtre entrouverte, il l'écoute dire des choses qu'il n'entend pas immédiatement. Parfois, il se demande ce qu'était la vie de Samira, avant. Il en conçoit souvent de l'amertume, sinon de la jalousie. Après quelques semaines, et plusieurs de ses pensées, il a convenu qu'il aime mieux ne pas savoir. Si c'est très égoïste, c'est le choix qu'il renouvèle à mesure qu'elle parle (est-ce pour lui ou est-ce pour elle ?). C'est idiot, parce qu'il est soudain déçu de se contenter du très énigmatique et un peu court c'était pas trop ça. Un sursaut le prend tout entier, mais Sam ne voit rien et il n'intervient pas, un souffle confiné dans la gorge pour le contraindre, pour le faire taire. Contrairement à elle, Saul ne croit pas que ce soit une chance (leur rencontre, leur survie, le coup de lame dans ses côtes) et il s'indigne qu'elle le pense. Ça n'est pas qu'il regrette qu'elles soient là. C'est qu'il voudrait les épargner. Quand il sent la colère qui pousse et qu'il pourrait bientôt cracher, Saul se débarrasse de la serviette et se glisse sous les draps. Par-dessus Samira, il glane une cigarette et lui vole le briquet. Il apporte ses propres volutes au nuage qui domine. Aérer davantage est tentant. Elle n'aimerait pas. Il ne s'en sent pas le courage. Au bout d'un moment, il oublie jusqu'à son intention de le faire. Il oublie ce qu'elle a dit. Il dévore lentement le silence.

« Tu vas te moquer... il soupire après un moment. » D'abord, il pense répondre qu'il ne sait pas, qu'il n'y a jamais vraiment réfléchi ou qu'il a oublié, tout simplement. Mais ils sont tombés d'accord pour se dire certaines choses. Alors il fouille son souvenir, ses espoirs et ses déceptions. Quelques uns appartiennent à l'adulte. D'autres reviennent à l'adolescent. Certaines survivent avec le gamin qu'il est demeuré. Le pauvre môme n'a plus beaucoup de place dans la vie de Saul Weiss, mais il existe. « J'ai pensé partir. » Après la fumée, c'est les premières syllabes qu'il parvient à formuler. Il les soupèse les uns après les autres, admet qu'elles conviennent. Puis il reprend : « Je détestais Harcourt, et je voulais partir. » Il écrase sa cigarette et il en prend une autre. « Je me disais que j'allais me marier, et avoir des enfants. » Un souffle se prend pour un rire, et Saul se moque de l'idée ridicule qu'il nourrissait jadis.  « Tu peux te moquer, il se ramasse sur lui-même, à demi redressé, mais je me disais que je me marierais et que j'aurais des gosses, pour faire exactement tout le contraire de mes parents. » De les évoquer, Saul serre les dents autour de sa lèvre. Il ne saigne pas tout à fait quand il arrête et prend le tube dans la bouche. Il inspire lentement, beaucoup. Il étrangle l'acide derrière les mots. « Le forfait classique. La maison, la femme, le chien, les mômes. » Ce n'est pas très éloigné de son existence, mais ça n'a pas le lustre de son enfance et de sa naïveté. Il se fichait alors du boulot qu'il aurait. Il aurait fait n'importe quoi pourvu que ça le fasse rentrer, chez lui, chaque soir. Vingt ans plus tard, il n'a toujours appris aucun métier. Cette demeure n'est pas vraiment à lui. Au contraire, elle est pleine de ses parents, qu'ils soient morts ou vivants. Il est complètement prisonnier d'Harcourt. « J'étais même pas assez con pour vouloir être astronaute, ou flic. » Elle n'est pas consumée pour moitié quand Saul écrase sa cigarette. Il s'enroule dans le drap et se renverse sur le côté. Gentiment, il scrute Samira. « Tu veux m'épouser ? »
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Samira Foxx
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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyDim 18 Sep - 14:19

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Saul Weiss
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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyDim 9 Oct - 1:25

Il n'espère aucun mot plutôt qu'un autre. Il aime, en revanche, le dédale qu'elle remonte. À travers ses pupilles, on voit que Sam reprend toutes les lettres, qu'elle les rassemble en mots, qu'elle répète la question. Saul est très calme, incroyablement patient. Il a un boulot, une maison. Il a même un enfant. Il ne s'est jamais marié. Il n'y a même jamais pensé depuis qu'il a douze ou treize ans. Il se demande seulement si Samira aimerait ça, si c'est ce qu'elle veut. Probablement que ça ne l'intéresse pas non plus. Ils n'ont pas l'air d'avoir été fabriqués pour le mariage. Ils n'y seraient pas bons. Et, néanmoins, son regard insiste. Tu veux m'épouser, Sam ? Et prendre le peu que tu m'avais pas encore pillé, tu le veux ? Il cligne plusieurs fois des yeux et il sourit doucement. Tout ce temps, il ne dit plus rien et il la laisse parler, caresser, embrasser, et faire le tour de la question. Saul fait le parcours de leur vie ensemble, et il sait bien qu'on n'épouse pas plus Samira Foxx que Saul Weiss. Il se dit aussi que ce qu'on fait ne l'atteint pas vraiment. Des yeux, il suit Sam et ses mains. Elle se rallonge à côté de lui et il baisse presque immédiatement les paupières. D'abord, il va répondre qu'il le lui demandera autant de fois qu'elle voudra. Demain matin. La semaine prochaine. Dans un an. Dans dix. Puis : « Tu as peur que je change d'avis ou t'as peur de changer d'avis ? » Il rouvre les yeux sans que ses pupilles la trouvent tout de suite. Saul bascule davantage le crâne pour la voir. Ses billes sont aussi neutres que sa voix, et il n'y a que la douleur dans ses côtes pour lui faucher des sensations palpables.

« Imagine si t'avais dit oui. » Il ne le lui reproche pas réellement. Sa réponse avait, en fin de compte, assez peu d'importance. Saul aurait fait ce qu'elle voulait, ou il n'aurait rien fait du tout. « Imagine si t'avais plus peur, si on n'avait plus peur... si on n'était plus jamais, jamais, en colère. » Il ne se trouve pas si idiot de le projeter, n'est-ce que pour une seconde et n'est-ce que dans cette chambre. Fané, épuisé, fatigué, éreinté, abîmé, Saul n'éprouve pas beaucoup d'orgueil à s'imaginer différent, et meilleur. Ils auraient une vie totalement différente. Ils ne seraient sûrement pas ensemble non plus. Peut-être que dépouillés de l'angoisse et débarrassée de la haine, ils ne seraient que des êtres imparfaits, incapables de s'entendre, et sans rien pour les raccrocher l'un aux deux autres. Désespérément accrochés. Rivés comme à la vie elle-même. L'oeil au coin des paupières, Saul pèse la possibilité au regard de Samira. La quasi certitude. Il n'avait plus pensé au mariage depuis ses douze ou ses treize ans et, même à cette époque, ça devait être déjà ridicule parce qu'il cognait déjà les arcades et brisait les pommettes à la fougue de ses poings. Il n'y a aucune réalité, alternative, hypothétique, même idéale, où une fille comme Samira épouse un type comme Saul. À l'exception de cet instant qui les traverse et qui s'éteint. « Imagine si t'avais dit oui, il souffle doucement. »

Il doit s'assoupir, car le temps s'étire. Ses yeux le brûlent, pourtant, et tout son corps est infiniment douloureux. Il ne doit pas se passer plus d'une minute ou sept. Étendu sur le dos, les paupières closes, Saul murmure finalement : « Ça y est ? » Un très léger rictus émerge à la commissure de ses lèvres. « C'est demain ? » Au manque de sommeil qui lui taraude la conscience, il sait fort bien que non, qu'ils en sont encore loin, et ça malgré qu'ils aient déjà brûlé une bonne partie de la nuit. Mais ça le démange, de lui parler, de ne pas s'endormir là-dessus, et puis, c'est vrai, la lumière en travers du voile l'empêche de se noyer dans le sommeil. « J'ai hâte d'être demain... » Le sourire tranche plus franchement dans la chair de la bouche. Toutes ces histoires, ce n'est pas sérieux et, néanmoins, Saul s'y attarde avec la conviction intime que ça les attache, ensemble. D'une autre façon que le mariage. D'une bien meilleure façon. Comme des enfants qui ont des rêves. Comme des adultes qui les recouvrent. Les billes de Saul tombent dans celles de Samira, et ça lui fait toute une marée dans le ventre. « J'ai hâte d'être quand on n'aura plus peur. » Ses doigts se promènent dans les draps, puis ils effleurent le bras de Sam. Ils galopent jusqu'à l'épaule, le revers de la main jusque dans la gorge. « Demain ? »
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Samira Foxx
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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyDim 6 Nov - 0:57

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Saul Weiss
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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyVen 30 Déc - 19:17

Demain, ils seront toujours ensemble, alors Saul ferme les yeux.
Demain, ils seront toujours ensemble, alors Saul joue à fermer les yeux.

Au travers de son épuisement, il discerne la lumière s’accentuer. Samira a déserté son flanc – ça lui fait froid dans les côtes et jusqu’à l’intérieur. Elle s’agite, quelque part dans la chambre, sans qu’il comprenne ce qu’elle fait. Il lui suffirait de soulever une paupière, mais la lumière augmente crument. L’intensité lui bousillerait certainement la rétine avant qu’il ait une chance de surprendre Sam dans ses manigances. Et puis il ne peut pas s’empêcher de croire qu’elle fabrique une superstition ou qu’elle accomplit un rituel, une coutume qu’il n’avait pas encore surprise et qu’il ajoutera à la liste qui fait leur quotidien. Mais pas tout de suite, parce qu’il a mal, parce qu’il est las et parce qu’il veut seulement la sentir revenir, s’allonger contre lui et disperser le sale éveil qui le tient. Il se languit tellement du retour de Samira qu’il exhale un souffle surpris à la sentir vraiment.

« Qu’est-ce que t’as fait ? » Il ouvre un œil. Bat des paupières. Puis l’autre. Son premier réflexe est de se ramasser en position assise, ou ce dont il est capable de plus proche. Par instinct mortel, il inspecte d’abord les abords du lit. Ensuite seulement, il caresse le drap autour de Sam du bout de sa vue vacillante, et il plisse le regard pour discerner les autres détails. Les fleurs sont encore jolies. Moins que sa fiancée, penchée sur lui à lui faire sourire le coeur.

Avec des gestes prudents, pour se ménager lui et ne pas la brusquer elle, Saul fait reculer Samira. Il est très sérieux, tout à coup. Même concentré. Il n’a pas besoin de réfléchir à ce qu’il va dire et, cependant, il veut choisir ses mots. Pas tous, juste quelques uns. Saul veut que ça sonne d’une certaine façon – joliment, si possible. Aussi éduqué qu’un chien sauvage, il n’arrivera pas à grand-chose mais il veut essayer : « Est-ce que tu m’aimeras toujours ? » Elle a promis de dire oui à tout ce qu’il demandera. En filigrane, elle l’a promis. Et il entend lui faire tenir sa promesse. « J’ai pas fini, il dit quand Sam entrouvre la bouche. Est-ce que tu m’aimeras toujours… même quand tu vas me détester – à cause de ma rage débile, de mes sauts d’humeur, de ma vie merdique et pas prête pour toi ? Est-ce que tu vas toujours me regarder avec ces yeux qui croient que je suis meilleur que je suis vraiment ? Est-ce que ça me fera toujours me sentir comme ça, bien, mieux, libre, et meilleur pour de vrai ? Et, est-ce que tes yeux vont toujours me regarder comme si c’était important que j’existe ? Est-ce que je vais le mériter un jour ? Est-ce que je vais te mériter, toi, un jour ? Est-ce que tu vas me raconter toute ta vie pour que je sois plus jamais jaloux de tout ce que je sais pas ? Ça arrêtera de me foutre en l’air quand je comprends pas ce que tu penses et que je suis pas capable de le demander ? Tu me buteras si je te fais le mal ? Et est-ce que tu m’aimeras toujours quand je serai le pire des connards et le dernier des types qui devraient pouvoir poser les yeux sur toi, parce que t’es simplement beaucoup trop bien pour eux, et puis surtout pour moi ? Est-ce que tu me croiras quand je te dirai que je suis désolé, et que j’essaie de changer ? Et, quand j’aurai changé, est-ce que tu m’aimeras toujours ? » Sans doute pas. Mais, Saul, il ne veut pas, il refuse d’entendre ça. Au comble de cette nuit infernale, il veut l’entendre dire oui. « Et si c’est pas toujours, est-ce que ça peut être longtemps ? »
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MessageSujet: Re: et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi   et si nous deux c'est mort, alors c'est mort pour moi - Page 2 EmptyDim 26 Fév - 18:44

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